Les rebelles tchadiens aux portes de N’Djamena


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Drapeau du Tchad
Drapeau du Tchad

Les rebelles du Front uni pour le changement ont poursuivi leur avancée au Tchad, mercredi, obligeant l’armée régulière à les repousser de N’Djamena. Le Président Idriss Deby a affirmé que la situation était sous contrôle, dans la capitale, de même que sur le front d’Adré, 800 km à l’Ouest, à la frontière soudanaise. La France a de son côté indiqué qu’elle soutenait le régime, mais qu’elle n’interviendrait que pour protéger ses ressortissants.

En trois jours, une colonne de rebelles tchadiens du Front uni pour le changement (FUC) est arrivée N’Djamena. La veille, le ministre de la Défense tchadien la disait pourtant stoppée. Ce sont les forces régulières qui ont lancé les hostilités, jeudi matin, vers 5h30, contre les rebelles positionnés dans les faubourgs de la capitale. Certains d’entre eux auraient même atteint l’Assemblée nationale, tués sur ses marches, selon des journalistes sur place. Au milieu de la journée, les dissidents ont été repoussés et le Président Idriss Déby, que le portail d’opposition Al Wihda dit réfugié dans l’ambassade de France, en a profité pour donner sa version des faits.

« La situation est totalement sous contrôle, la colonne qui a attaqué ce matin a été totalement détruite », a-t-il affirmé sur l’antenne de Radio France Internationale (RFI). « Il n’y a pas de rebelles dans la ville mais des fuyards à pied, des enfants qui ne connaissent pas N’Djamena, ni personne, et que nous avons détruits ou ramassé (…) Nous avons réunis les prisonniers et l’armement, que nous allons montrer à la presse pour prouver l’ingérence de Khartoum ». Quant à la facilité avec laquelle la colonne rebelle a atteint la capitale, depuis la frontière soudanaise : « Nous les avons eu où nous les attendions », a-t-il expliqué.

Soutien logistique et de renseignement français

Sur le front d’Adré, à 800 Km à l’ouest de N’Djamena, à la frontière soudano-tchadienne, le représentant en France du FUC, Laona Gong, a affirmé avoir appris « que depuis ce matin (jeudi), dans l’est du Tchad, l’armée française intervient militairement avec des avions. Et nous déplorons dans les villes d’Adré et de Moudeïna de nombreuses victimes civiles des bombardements français », a-t-il ajouté. La veille, le porte-parole du mouvement rebelle, le Dr Albissaty Saleh Allazam, sur place, a publié un communiqué selon lequel le mouvement avait subi « des bombardements intensifs par l’avion français ».

Une version qui paraît plus proche de celle des autorités françaises. Celles-ci ont précisé, par la voix du porte-parole du ministère de la Défense, Jean-François Bureau, qu’un Mirage a bien effectué un « tir de semonce », mercredi, mais que c’était un « signal politique » aux belligérants « destiné à parfaitement manifester notre volonté de garantir la protection de nos ressortissants ». Quant à l’aide apportée par la France au régime Déby, des avions français ont bien survolé les colonnes rebelles, jeudi matin, mais « pour identifier leur position » et « faire du renseignement », selon le même homme.

Paris a placé son dispositif militaire, composé de 1 200 soldats, en état d’alerte, et déployé dans la capitale 150 soldats en provenance de Libreville, au Gabon. Le Quai d’Orsay a indiqué que son soutien au régime tchadien était également « logistique ». Aucune décision sur l’évacuation des ressortissants français, estimés entre 800 et 1 500 personnes, n’avait été prise ce jeudi soir. Idriss Déby assure que la situation est également sous contrôle à l’ouest, mais la situation semble beaucoup moins claire et selon Al Wihda, la ville d’Adré est tombée aux mains des rebelles.

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