Les questions de paix et de sécurité s’imposent à l’Uemoa


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Le 16e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union économique et monétaire ouest-africaine s’est tenu ce mercredi à Lomé. Avec la crise malienne, l’organisation sous-régionale confirme son désir de faire évoluer son mandat afin de s’atteler au règlement des crises politiques et des conflits dans la zone. Ce nouveau chantier côtoie la lutte contre l’insécurité alimentaire qui menace six millions de personnes dans le sahel et en Afrique de l’Ouest.

L’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) s’intéressera davantage aux questions de paix et de sécurité afin de préserver et de renforcer le processus l’intégration économique. « Il y a tout juste un an, nous convenions ici même à Lomé, de la nécessité de faire évoluer le mandat de notre organisation commune, en accordant une place plus importante à la gestion des crises politiques et conflits », a rappelé ce mercredi le président togolais Faure Gnassingbé, à l’ouverture du 16e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’organisation dans la capitale togolaise, Lomé. Le Togo assure la présidence en exercice de l’Uemoa.

L’Union, qui a « condamné » les coups de force au Mali et en Guinée-Bissau a l’issue de son sommet, a « réaffirmé sa détermination à assurer la paix et la sécurité » au sein des Etats membres. L’organisation sous-régionale espère ainsi « un retour rapide de la paix dans le Nord du Mali et la restauration de l’intégrité territoriale » d’un pays, représenté à Lomé, par son Premier ministre de transition, Cheikh Modibo Diarra. En Guinée-Bissau, l’Uemoa appelle également au « respect de l’ordre constitutionnel » et « des dispositions prévues dans le cadre de la transition et du processus électoral ».

Crise malienne : une résolution sera présentée aux Nations unies

Le président sénégalais Macky Sall, qui a assisté à son premier sommet depuis son élection, s’est vu confier la présidence d’un comité en charge des questions de paix et de sécurité face à « la multiplication des attaques armées », à « la prolifération des armes (…) et des attaques terroristes ». Ses homologues du Niger, Issoufou Mahamadou, du Burkina Faso, Blaise Compaoré (le médiateur de la crise malienne), du Bénin, Boni Yayi, et de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara ont également pris part au sommet. Les deux derniers chefs d’Etat assurent respectivement la présidence de l’Union africaine (UA) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

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Le sommet de Lomé a été l’occasion pour les responsables des pays membres de l’Uemoa, dont la majorité sont également membres de la Cedeao, et le Nigeria de se pencher sur la crise malienne. Ils ont ainsi été rejoints ce mercredi, en début d’après-midi, par le président congolais Denis Sassou Nguesso, qui préside le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA). Une résolution devrait être présentée au Conseil de sécurité de l’ONU par le biais de l’organisation panafricaine. « La Cedeao va élaborer un document qui va être discuté au niveau de l’UA et qui va ensuite (être présenté) aux Nations unies, probablement le 13 juin prochain. Il va demander (…) l’autorisation, entre autres, (pour) une intervention au titre du chapitre 7 du Conseil de sécurité au Nord-Mali », a expliqué Daniel Kablan Duncan, ministre ivoirien des Affaires étrangères.

Répondre aux urgences en matière de sécurité alimentaire et financer l’agriculture

La paix et la sécurité constituent un nouveau chantier pour l’Uemoa dont l’une des priorités aujourd’hui est la lutte contre l’insécurité alimentaire. Six millions de personnes sont en « en insécurité alimentaire sévère » dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest, notamment au Nord-Mali aux mains de la rébellion touareg du Mouvement pour la libération de l’Azawad (MNLA) et des islamistes d’Ançar Dine. Plus de 300 000 personnes auraient été déplacées avec leur bétail et plus de la moitié a trouvé refuge au Burkina Faso, au Niger ou encore en Mauritanie. Cette année, la production céréalière est en déclin au sein de l’Union : la campagne 2011-2012 enregistre une baisse de 18% par rapport à la précédente. En marge du sommet de l’Uemoa, une rencontre sur la crise alimentaire et nutritionnelle a été organisée en partenariat avec la Cedeao. Depuis l’année dernière, l’Union s’est d’ailleurs dotée d’un comité de réflexion sur la sécurité alimentaire présidée par le chef de l’Etat nigérien.

Le sommet de l’Uemoa a de nouveau invité ses Etats à « appliquer la recommandation du sommet de l’Union africaine de Maputo (…) visant à consacrer 10% de leur budget » au développement agricole. Les membres de l’Union sont également exhortés « à conduire les actions idoines, en vue de mobiliser et de lever les entraves à l’accélération de la mise en œuvre des projets identifiés dans le cadre du Programme économique régional (PER 2012 – 2016) et du Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA) ». Au sein de l’Uemoa, 40 milliards de FCFA ont été mobilisés pour répondre à l’actuelle crise alimentaire. Dans le domaine agricole, les programmes en cours d’exécution sont évalués à 405 milliards de F CFA. Pour répondre aux besoins de financement de l’agriculture, l’Uemoa recherche des ressources additionnelles évaluées à plus de 800 milliards de F CFA.

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