Les non-fumeurs ne font pas un tabac


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Le président du Malawi, Bakili Muluzi, a réaffirmé son soutien à l’industrie du tabac, principal pilier économique du pays, malgré les contestations des organisations de la santé. Des déclarations qui interviennent alors que le Malawi est prochainement amené à voter la Convention onusienne sur le contrôle du tabac.

Les lobbys de non-fumeurs et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont vu leurs espoirs partir en fumée au Malawi. Le chef de l’Etat, Bakili Muluzi, a réitéré cette semaine son soutien à l’industrie du tabac dans le pays alors qu’il est censé signer cette année la Convention cadre sur le contrôle du tabac (CCCT) de l’OMS.

Le combat des anti-tabac semble vain. L’économie du Malawi est, à l’instar de celle du Zimbabwe, presque exclusivement dépendante de la culture du tabac. Plus grand employeur privé du pays, le secteur contribue à 34% du Produit intérieur brut et assure plus de 70% des échanges extérieurs. Le Malawi exporte en moyenne 120 000 tonnes de tabac par an vers les Etats-Unis et le Brésil.

Pas d’alternative

Les revenus de plus de 70% de la population (11 millions d’habitants) sont liés directement ou indirectement au tabac. Le président s’est fait le défenseur lucide d’une industrie qui rythme la vie de tout le pays et n’entend pas changer son fusil d’épaule à moins de trouver des cultures alternatives tout aussi rentables. Les estimations de la Banque commerciale du Malawi prévoient une production 2003 de plus de 145 000 tonnes. Soit une manne financière de 191 millions de dollars. Les organisations de lutte contre le tabac ne pèsent pas lourd face aux énormes enjeux économiques.

Pied, de nez à l’OMS, Bakili Muluzi est pourtant amené à signer la CCCT, accord global censé imposer un cadre coercitif au secteur notamment en matière de promotion, de taxation et de publicité. La lutte anti-tabac semble tout simplement être un luxe que le Malawi ne peut pas se permettre. D’autant que d’autres priorités dans le domaine de la santé, au premier rang desquelles la pandémie du sida, relèguent aux oubliettes les affres du goudron et de la nicotine.

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