Les ministres du Commerce africains pour la reprise du round de Doha


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Les ministres africains du Commerce, réunis mardi à Addis-Abeba, ont invité les principaux acteurs des négociations commerciales mondiales dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à débloquer le processus du round de Doha. Une initiative qui pourrait de résoudre les problèmes en instance.

Dans sa course contre la montre dans le cadre du processus du round de Doha, l’Afrique doit lever au moins un obstacle, à savoir renforcer ses capacités de négociations au niveau tant national que sous-régional, selon les analystes qui ont participé à cette réunion d’une journée. « Nous apprécions les messages de bonne volonté envoyés par les principaux acteurs au cours des derniers mois », a déclaré le Kenyan Mukhisa Kituyi, actuel président en exercice de la Conférence des ministres du Commerce de l’Union africaine (UA). « De nouveaux signes d’engagement sont une bonne chose, mais quand des signes sont incohérents, soit au niveau de leur calendrier ou de leur substance, cela ne contribue pas à l’achèvement des travaux en cours », a déclaré M. Kituyi à la réunion à laquelle assistait également le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy.

De l’avis des délégations africaines à cette réunion, une certaine flexibilité est nécessaire de la part des pays industrialisés afin de lever les obstacles au processus du round de Doha. « Les négociations de l’OMC sont actuellement à la croisée des chemins », a indiqué la commissaire au Commerce et à l’Industrie de l’UA Elizabeth Tankeu, en attribuant la suspension des négociations à ce qu’elle a appelé l’intransigence et l’incapacité des principaux acteurs à faire preuve de la flexibilité nécessaires dans leurs positions de négociation. « Les espoirs importants suscités par l’adoption de la Déclaration de Doha ne se sont pas matérialisés. « Le centre d’intérêt des négociations est progressivement passé des questions relatives au développement des pays pauvres à la poursuite par les pays développés de leurs intérêts nationaux étroits », a-t-elle accusé.

Diverses délégations ont insisté sur l’engagement de l’Afrique pour un achèvement réussi des négociations du round de Doha pour le double agenda de la réunion, concernant les discussions en cours sur les Accords de partenariat économique (APE) entre l’Union européenne (UE) et les pays en développement de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). A propos des négociations des APE, M. Kituyi s’est déclaré préoccupé par le manque de cohérence dans les capitales européennes dans la dernière ligne droite avec la date limite du 31 décembre 2007 fixée pour l’achèvement des négociations.

Plus de temps pour l’Afrique

Il a souligné que la principale préoccupation de l’Afrique était l’insuffisance du temps accordé pour la conclusion efficace des négociations. « Nous avons vu à plusieurs reprises des ONG européennes se plaindre plus que de raison. Nous avons été témoins de l’incohérence en termes de calendrier dans les déclarations venant de Bruxelles. Ce qui n’aide pas beaucoup », a souligné M. Kituyi. Il a suggéré que des mesures à court terme étaient nécessaires pour réduire les signes d’inquiétude, qui émergeaient sur les marchés à propos des contrats à long terme, si les priorités actuelles n’étaient pas claires concernant le remplacement des termes commerciaux en vigueur.

Selon M. Kituyi, le petit nombre d’agents techniques affectés aux négociations avec l’UE et l’OMC ne pouvaient accomplir leur mission dans les délais impartis. Il a souligné que ce même personnel technique devait négocier les réductions tarifaires au sein des blocs régionaux africains et que pour cette raison il avait besoin d’un appui important. M. Kituyi a également fait remarquer que le développement des blocs économiques régionaux africains était assez positif mais qu’une attention suffisante n’était pas encore accordée à l’harmonisation des échanges entre ces blocs. Il a particulièrement souligné que les négociations parallèles et n’ayant aucun rapport entre elles à propos des nomenclatures tarifaires pour les différents blocs régionaux n’étaient pas particulièrement utiles pour la structuration des échanges entre un groupe économique de pays et un autre.

Par ailleurs, M. Lamy a déclaré aux ministres que l’intérêt de l’Afrique restait prioritaire dans la fixation des règles commerciales internationales. « Ce que l’Afrique a à gagner et ce que l’Afrique doit payer dans le cadre de ces négociations est tout à fait clair », a-t-il souligné. Selon M. Lamy, les gains de l’Afrique en termes de discipline des subventions ou en termes d’accès au marché sont sans commune mesure avec ce qu’elle devrait payer.

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