Les Français d’origine maghrébine toujours plus discriminés


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Les candidats à un emploi d’origine maghrébine ont trois fois moins de chances d’être convoqués à un entretien d’embauche que les « Français de souche ». C’est ce que le « baromètre de la discrimination » de l’agence Adia, publié mardi, révèle. Les diplômes et la pénurie dans certaines catégories d’emploi n’y changent rien.

Vous êtes Français d’origine maghrébine et vous aimez les challenges ? Postulez donc à une offre d’emploi de cadre, dans une entreprise de 20 à 199 salariés, dans le secteur tertiaire et dans l’Est de la France. Pire que « Survivor », cela pourrait être le nouveau programme de téléréalité et de survie de TF1 ou M6. Pour chacun des critères énoncés, un candidat d’origine maghrébine minimise au maximum ses chances d’être convoqué à un entretien, selon le « baromètre de la discrimination » dévoilé mardi par l’agence Adia. Un outil inédit en France, d’après le quatrième recruteur national, lancé depuis plusieurs années dans une lutte contre la discrimination, notamment via de brillantes campagnes publicitaires.

Le but de Jean-Louis Joli, directeur général du groupe, et de Jean-François Amadieu, professeur à la Sorbonne, est de suivre régulièrement (« tous les deux ans » pour le premier) l’évolution de la discrimination à l’embauche à partir de ce « point zéro ». Pendant un an, de l’automne 2005 à l’automne 2006, le groupe d’étude a répondu à 1 340 offres d’emploi en envoyant 6461 CV (sans photo) à des entreprises. Pour un candidat de référence âgé de 28 à 30 ans, « Français de souche » par son nom et prénom, cinq candidatures susceptibles d’être discriminées en fonction de l’âge, du genre, de l’origine (maghrébine, la plus discriminée selon les initiateurs), du handicap ou de l’apparence physique ont été postées et mailées.

Un poste vacant plutôt qu’un Arabe

Conclusions de l’étude : le candidat d’origine maghrébine a 2,7 fois moins de chances d’être convoqué à un entretien que le candidat de référence. La discrimination par l’origine est ainsi la seconde la plus pratiquée par les entreprises françaises, juste derrière celle par l’âge (3 fois moins de chances). Plus le poste fait appel à des fonctions de direction, moins les chances du postulant d’origine maghrébine sont importantes. Alors qu’il reçoit 47% de réponses positives pour un emploi d’ouvrier, il n’en reçoit plus que 39 et 30 pour une profession intermédiaire ou un poste d’employé, et 17 pour un poste de cadre.

Des chiffres confirmés par les résultats de l’impact de l’origine par secteur d’activité. Alors que les candidatures reçoivent 49 et 41% de réponses favorables dans la construction et l’industrie, le chiffre tombe à 31% dans le tertiaire. Pour ces populations, « le diplôme initial n’est pas une protection, observe Jean-François Amadieu. Même lorsqu’une catégorie d’emploi (soudeur, plombier) est en pénurie, cela ne créé pas d’appel d’air permettant d’atténuer la discrimination ».

L’étude initiée par Adia colle de façon étonnante au découpage électoral de l’hexagone, notamment sur la question des Français récents. Parmi les candidatures français d’origine maghrébine qui ont postulé dans l’Est de la France et en Provence Alpes Côte d’Azur, deux régions où le Front national et l’extrême droite enregistrent de bons résultats à chaque scrutin, seuls 17 et 27% ont été invités à se présenter à un entretien. Le chiffre passe à 40% en Île de France et à 58% en Rhône-Alpes.

5 fois plus de discrimination en 2 ans chez les commerciaux

En 2004, Adia avait mesuré la discrimination à l’embauche auprès des commerciaux en Île de France. Ce point de comparaison est le seul dont elle dispose cette année pour évaluer l’évolution de l’attitude des recruteurs vis-à-vis des candidats d’origine maghrébine. Et le mouvement est peu réjouissant. En 2004, les commerciaux d’origine maghrébine avaient 5 fois moins de chances d’êtres convoqués à un entretien en 2004 qu’un candidat « français de souche ». Ils rencontrent aujourd’hui 25 fois plus de difficultés à franchir le premier barrage vers l’emploi.

Une solution ? Adia a mesuré cette année l’apport d’un intermédiaire entre le demandeur d’emploi et l’entreprise. La différence de résultat positif « avec » et « sans » intermédiaire est de loin la plus importante pour la discrimination liée à l’origine (+ 23 de chances, en passant de 29 à 52% de réponses positives). Seuls les résultats concernant la discrimination liée au handicap s’en approche (+ 22% de chances ). Autre solution : devenir procédurier. « Au seul stade du tri, indique le rapport final, les entreprises ont 10% de chances de se trouver face à une plainte pour discrimination ».

En image : l’une des publicités Adia visant à lutter contre les discriminations à l’embauche. Son leitmotiv : « Ne vous fiez pas aux apparences, fiez-vous aux compétences. »

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