Les dessous de Miss Thandi


Lecture 3 min.
arton5577

Dans sa dernière création, le Sud-africain Gregory Maqoma mélange les genres : masculin et féminin, concert live et vidéo, musique et silences. Un très bel hommage à Miss Thandi, artiste et drag-queen xhosa fascinant.

Gregory Maqoma danse depuis 1990 et a monté sa propre compagnie en 1999. A presque 30 ans, ce natif de Johannesburg livre sa dernière création, Miss Thandi, dans laquelle il évoque cet artiste et drag-queen hors-norme. Un solo de 30 minutes porté par quatre musiciens et la projection d’une vidéo sur la vie de Miss Thandi. Cette pièce fait partie d’un travail plus large qui intègre huit danseurs et six musiciens.

Afrik : Cette pièce est plus triste que les précédentes. Malgré tout vous n’avez pas pu vous empêcher d’y glisser un peu d’humour !

Gregory Maqoma : C’est vrai que je n’arrive pas à rester complètement sérieux ! Ma propre déprime, que je mets dans la pièce, ne doit pas déprimer les spectateurs… Ceux-ci doivent ressentir les différentes émotions qui y sont évoquées. La danse, c’est comme le cercle de la vie. Quand on danse, on traverse l’amour, la douleur, on est isolé et on se sent regardé… l’important c’est d’arriver à enchaîner tous ces sentiments.

Afrik : Avec Miss Thandi, vous vous travestissez…

Gregory Maqoma : J’ai toujours besoin de me dépasser, de me motiver par un challenge. Là, j’utilise de nouveaux éléments comme le maquillage, la perruque et je joue sur le genre féminin/masculin. Des choses que je ne connaissais pas a priori et avec lesquelles je n’étais pas forcément à l’aise. Je suis habillé comme une femme et le féminin domine mais j’exprime aussi le combat que se livrent le masculin et le féminin en chacun de nous.

Afrik : Qui était Miss Thandi ?

Gregory Maqoma : Raymond Vuyo Matinyana était un artiste fascinant. Il venait de la même région que moi et nous sommes tous les deux Xhosa. Il a vécu en Hollande et a trouvé le moyen de rester en contact avec ses racines en inventant le personnage de Miss Thandi. Il a inspiré des gens comme Miriam Makeba et a joué un grand rôle dans la promotion des danses traditionnelles xhosa. Il était capable d’être à la frontière entre les deux genres et de les dépasser. Il pouvait chanter en tant que Miss Thandi ou Raymond. Il est mort en décembre 2001 et c’est pourquoi j’ai créé cette pièce. Après sa mort, son corps devait être enterré en Afrique du Sud mais l’avion qui le ramenait s’est écrasé en Algérie. Sa famille n’a eu que ses restes… Cette histoire m’a fasciné.

Afrik : Vous travaillez souvent avec des musiciens en live comme c’est le cas pour cette pièce ?

Gregory Maqoma : Oui, car cela permet au travail de se renouveler et de rester proche du public. Je sens les musiciens et il y a une communication constante entre eux, moi et les spectateurs. C’est une communion très forte.

Afrik : Pourquoi dansez-vous ?

Gregory Maqoma : Danser est un moyen d’exprimer des choses dont vous ne pourriez pas parler, que vous ne pourriez ni écrire, ni chanter, ni commenter.

Miss Thandi, Gregory Maqoma/Vuyani Dance Theatre Project

Jeudi 23 janvier à 20h30, vendredi 24 à 18h et samedi 25 à 19h30

Centre National de la Danse.

9, rue Geoffroy-l’Asnier, 75004, Paris. Réservation 01 42 74 06 44

Les photos du spectacle

Photo1.

Photo2.

Lire aussi

Le drame du sida en chorégraphie.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News