L’élection d’Obama à l’origine d’une flambée de racisme aux Etats-Unis ?


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Barack Obama
Barack Obama

Depuis l’élection à la Maison Blanche de Barack Obama, les Etats-Unis connaissent une vague d’incidents racistes. Insultes, menaces, intimidations et parfois même des agressions qui se multiplient à l’encontre de la communauté afro-américaine. Les mouvements racistes tels que le Ku Klux Klan recrutent de plus en plus. Les Etats-Unis assisteraient-ils à une résurgence de la « négrophobie » alors qu’ils viennent d’élire un noir à la fonction suprême ?

Des « centaines » d’incidents racistes ont été enregistrés par la police américaine depuis le 4 novembre. C’est ce qu’affirme Mark Potok, directeur de l’Intelligence Project au Southern Poverty Law Center, une organisation basée en Alabama qui recense les crimes de haine.

« Retournez en Afrique »

Voitures maculées de croix gammées et de slogans racistes comme « retournez en Afrique » en Californie, mannequins noirs pendus à des arbres dans le Maine, élèves chantant « tuez Obama » dans l’Idaho, les exemples se suivent et malheureusement se ressemblent. « Depuis les dernières semaines de la campagne, nous avons assisté à un réel et important retour de bâton (chez des Blancs), et je pense que cela empire », a déclaré Mark Potok. Selon lui, ce « retour de bâton » serait dû à une coïncidence de facteurs. L’augmentation de l’immigration non blanche, la hausse du chômage, « ajoutez à cela l’idée d’un Noir à la Maison Blanche et vous vous retrouvez avec un important nombre de Blancs qui ont l’impression d’avoir tout perdu, et que le pays construit par leurs ancêtres leur a été dérobé. » La forte hausse des ventes d’armes à feu depuis le 4 novembre est révélatrice. Elle traduit le sentiment d’insécurité grandissant chez une partie de la population qui pourrait partiellement être expliqué par la crainte d’une prise de pouvoir de la communauté noire.

Barack Obama vu depuis l’Ohio pendant la campagne présidentielle

Aucun chiffre ne permet pour l’instant de saisir le phénomène raciste qui traverse insidieusement les Etats-Unis depuis l’élection de Barack Obama, mais les faits inquiètent. Brian Levin, professeur à l’université californienne à San Bernardino, près de Los Angeles, confirme ce penchant raciste en évoquant la fascination grandissante des mouvements et groupuscules racistes aux Etats-Unis. Il a constaté une forte hausse de la fréquentation des sites internet racistes appelant à la haine et professant la suprématie de la race blanche. Le site « nationaliste blanc », Stormfront, a par exemple enregistré une panne sur son serveur au soir du 4 novembre en raison d’une trop grande affluence.

« Tuez-le ! »

Cette haine pour Obama, et les noirs plus largement, s’était manifestée une première fois lors d’un meeting de l’ex-candidate républicaine à la vice-présidence, Sarah Palin. Dimanche 26 octobre, alors qu’elle prononçait un discours devant 3 000 personnes à Clearwater en Floride, des supporters, évoquant Obama, avaient lancé « terroriste », « traitre », « arabe », pour finir par « Tuez-le ! ». En dehors des menaces pesant sur la sécurité du futur président, ces propos illustrent la récupération des origines musulmanes du président Obama à des fins racistes et haineuses.

Cependant, pour Brian Levin, ce racisme n’est pas sans précédent. C’est paradoxalement quand des progrès sont réalisés en matière de droits civiques ou de démocratie que ces comportements de repli ressurgissent. Le professeur spécialisé dans l’étude du racisme et de l’extrémisme rappelle, à propos, que le Ku Klux Klan a percé comme mouvement important juste après l’abolition de l’esclavage.

Les noirs sont-ils plus en danger aujourd’hui aux Etats-Unis depuis l’élection du nouveau président ? Les mois à venir nous diront si le risque est réel ou si ces événements n’étaient que des faits isolés. La garde rapprochée d’Obama est, quant à elle, constamment aux aguets.

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