Le procès en appel pour génocide et crimes contre l’humanité continue à Paris


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Le procès en appel aux assises de Paris de messieurs NGENZI et BARAHIRA, condamnés en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour génocide et crimes contre l’humanité se déroule depuis le 2 mai et continuera jusqu’au 6 juillet.

Le 15 mai : Audition comme témoins de contexte de monsieur Stéphane AUDOIN-ROUZEAU, professeur d’Université et directeur de recherches et plus tard de madame Hélène DUMAS, chargée de recherches au CNRS.

Le premier témoin, M. Audoin-Rouzeau, présente le génocide des Tutsi comme un « génocide qui n’est pas habilité, qui est enclavé, mal connu et mal interprété ». Le génocide des Tutsi est à rapprocher des deux grands génocides du XXème siècle, celui des Arméniens et celui des Juifs d’Europe. A cela, trois raisons.

 Raisons idéologiques. Il n’y a pas de génocide sans idéologie, les sources idéologiques sont les mêmes pour les trois génocides. Une pensée racialiste et raciste au XIXème qui a circulé en Europe et qui a constitué l’arrière-plan des grands massacres du XXème siècle. Une pensée racialisée par les intellectuels allemands. Le Rwanda s’inscrit dans la même pensée, portée par les colonisateurs allemands puis belges. Ils découvrent une société clanique dont ils n’ont pas les clés et racialisent les ethnies : les Hutu sont considérés comme une race inférieure. Alors que les Tutsi sont considérés comme une race supérieure venue d’Éthiopie, d’Égypte, voire du Caucase. En 1959, les colons belges opèreront un retournement de situation au profit des Hutu alors que les différences entre les deux groupes sont quasiment inexistantes.

 La situation de guerre. Il n’y a pas de génocide sans guerre. Une guerre qui produit une angoisse de la défaite, élément déterminant, indispensable que l’on retrouve dans le génocide des Arméniens et celui des Juifs. La guerre modifie l’équilibre de la société, la guerre relève d’un monde de la rumeur jusqu’à la paranoïa avec la peu de l’autre considéré comme un ennemi de l’intérieur, la guerre modifie les sensibilités (la vie humaine n’a pas le même prix en temps de guerre).

 Le rôle de l’État. Il n’y a pas de génocide sans État. Pour tenter d’exterminer les hommes, les femmes, les enfants, il faut les capacités d’un État : gouvernement, préfets, bourgmestres, Forces armées, capacités de renseignements et repérages en vue de l’élimination des opposants, Garde présidentielle, gendarmerie, milices. Sans oublier les moyens de mobilisation idéologiques comme la RTLM (Radio Télévision Mille Collines) avant et pendant le génocide : rôle d’excitation et de dénonciation pour aider les tueurs à cibler les personnes à exterminer

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