Le Premier ministre sénégalais destitué


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Après des mois de désaccord au sommet de l’exécutif sénégalais, le Président Abdoulaye Wade a destitué son ambitieux Premier ministre, Idrissa Seck. Il a choisi pour le remplacer un fidèle « disciple », l’ancien ministre de l’Intérieur Macky Sall. Le nouveau Premier ministre s’est attelé à la formation du nouveau gouvernement, à deux ans des élections législatives et trois ans des présidentielles.

« Les gens ne parlaient plus que de cela depuis près de trois mois », explique un journaliste politique sénégalais. Le Premier ministre Idrissa Seck va-t-il s’en aller, va-t-il être destitué ? Le principal intéressé avait expliqué qu’il ne démissionnerait pas. Alors le Président Wade a tranché et mis fin à ses fonctions ce mercredi 21 avril. Pour le remplacer, il a nommé le ministre de l’Intérieur sortant, Macky Sall, qui se présente lui-même comme son « disciple ».

L’ingénieur géologue et géophysicien de formation a même présenté sa nouvelle fonction comme un « sacerdoce ». « Je vais dès cet instant, en liaison avec le Président, une fois qu’il m’aura donné les indications pour la configuration du nouveau gouvernement, procéder aux consultations nécessaires », a-t-il expliqué au parterre de journalistes venus l’écouter. Macky Sall est le quatrième Premier ministre (Moustapha Niasse en 2000-2001 et Mme Mame Madior Boye en 2001-2002) nommé par Abdoulaye Wade depuis son accès à la présidence de la République, en avril 2000. Le gouvernement qu’il devra former sera le sixième de l’ère Wade.

Le divorce consommé

Avant même qu’Idrissa Seck ne vienne confirmer la nouvelle de sa destitution devant la presse, un de ses proches collaborateurs avait annoncé que les deux hommes s’étaient « séparés », rapporte l’AFP. Présentant la rupture entre le vieux Président – âgé de 77 ans – et son fils spirituel – âgé de 44 ans – comme un véritable divorce. Abdoulaye Wade a fait connaître le jeune diplômé de l’école des Hautes études commerciales (HEC), de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris et de l’Université de Princeton dès 1988, lorsqu’il lui a confié la direction de sa campagne présidentielle. Enfin élu, en 2000, au cours de la première transition électorale au Sénégal, c’est à Idrissa Seck que le nouveau Président remet le poste clé de directeur de cabinet. Avant d’en faire son Premier ministre en novembre 2002.

Mais les dissensions entre les numéros un et deux du Parti démocrate sénégalais (PDS), au sommet de l’exécutif, étaient devenues trop fortes. On parle désormais au Sénégal du clan de la présidence et du clan Idy (surnom que ses partisans donnent à Idrissa Seck). L’ex-Premier ministre n’a jamais fait mystère de ses ambitions, notamment présidentielles. Et nombre d’observateurs lui reprochaient d’avoir placé ses fidèles en vue de l’investiture suprême qui se profile de 2007. Les critiques les plus virulentes parvenaient des membres de son parti qui souhaitent jouer leur carte à l’heure du départ du Président Wade. On lui fait ainsi grief d’avoir nommé 12 ministres originaires, comme lui, de la région de Thiès. Lui même étant le maire de la ville de Thiès.

Exécutif à deux têtes

Le chef de l’Etat avait annoncé, en février, un remaniement ministériel pour la deuxième quinzaine d’avril. Il souhaitait ainsi permettre l’entrée d’un parti d’opposition, l’Union pour le renouveau démocratique (URD), au sein d’une équipe « d’ouverture ». Mais les deux fortes personnalités ne sont pas parvenues à se mettre d’accord sur la distribution des portefeuilles. Lundi, le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, Modu Fada Diagne, avait rendu son tablier, « pour l’intérêt supérieur du Sénégal (…) [et] pour mettre à l’aise M. le président de la République, Me Abdoulaye Wade et mon ami et frère Idrissa Seck ». Le Premier ministre voulait conserver son proche collaborateur, alors que le chef de l’Etat souhaitait s’en séparer, selon la presse sénégalaise.

Au cours de son discours de départ, rapporté par l’AFP, Idrissa Seck a confirmé ces dissensions : « Le pays souffre du désordre et du manque de tranquillité occasionnés par la perception entretenue d’une dualité au sommet de l’Etat ». Cette dualité « ne saurait en aucune façon exister », car le Président « est le siège où se concentrent les suffrages des citoyens », a-t-il expliqué. Ce qui ne signifie pas, semble-t-il, que l’ex-Premier ministre soit prêt à accomplir sa traversée du désert. Il a expliqué à un journaliste politique local que son « avenir politique reste intact ». Et qu’il souhaite désormais aider le Président à mener son projet à bien… avant d’en prendre la suite. Ce qui laisse entrevoir de belles batailles d’influence au sein du PDS.

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