Le neem : l’anti-paludéen et l’insecticide naturel


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Présent dans de nombreux pays sub-sahariens, le neem est un arbre aux milles vertus. Si ses feuilles servent de médicaments pour soigner le paludisme dans la pharmacopée traditionnelle, ses fruits, dont on fait de l’huile, sont un parfait insecticide naturel, inoffensif pour l’homme et les animaux. Découverte.

Par Badara Diouf

Un anti-paludéen et un insecticide naturel. L’Azadirachta indica, arbre plus connu au Sénégal sous le nom de neem, possède de précieuses vertus appréciées par de nombreux Africains depuis longtemps. Au-delà du bois de neem en lui-même et de ses multiples usages, les feuilles et les fruits révèlent de véritables trésors de bienfaits.

Caractéristiques de l’arbre universel

Le neem, très présent en Afrique (et également en Inde), prend différents noms en Afrique de l’Ouest : Neem, Nim, Dému Buki, Dému tubab en wolof, kaaki, Leeki, Nim, Nuwakinin, Tirotiya, Miliahi, en pulaar, Neem, Nivaquine en serer, Goo,Guy en bambara, Tubabu tombohô, Tubabu tohoro, en mandingue ou encore Dongoyaro, en haoussa et Neem en moré (maure). L’arbre appartient à la famille des Méliacées et ne dépasse pas 10 à 12 m au Sénégal, mais peut atteindre 25-30 m dans son pays d’origine (l’Inde), selon la direction la Recherche forestière au Sénégal.

Dans le cas du Sénégal l’arbre est présent sur le sol du pays en affichant une biomasse des plus importantes du continent. « La population actuelle de neem (au Sénégal) peut être estimée entre 18 et 30 millions d’arbres », d’après les statistiques de la direction forestière. L’arbre y pousse bien sous un climat semi-aride, à semi-humide et supporte même les climats aux précipitations inférieures à 500 mm. Il montre peu d’exigences vis-à-vis des sols, s’accommodant des terres maigres, pierreuses ou sableuses. Il n’existe pas d’aires de plantation en régie dans les zones visitées.

Anti-paludéen et redoutable insecticide

L’Afrique souffre depuis longtemps du fléau du paludisme. Les vertus du neem sont un allié de taille qui permet de lutter contre, à travers l’élaboration du sirop de neem administré aux enfants. Et dans la pharmacopée traditionnelle, ce sont les feuilles de l’arbre que les populations locales font bouillir dans l’eau. Ces infusions font ainsi office de nivaquine. Sur le plan de la recherche en laboratoire, il est l’objet d’études approfondies, pour mieux percer ses autres mystères, notamment au sein de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal), avec le chercheur spécialiste du groupe neem, le docteur entomologiste Lassana Konaté. Les feuilles sont, par exemple, parfois utilisées comme antiseptique.

A ce jour et depuis les années 80, explique-t-on à la Recherche forestière, l’usage du neem dans le domaine agricole est d’une efficacité remarquable en qualité d’insecticide. Il est jugé efficace pour lutter contre 100 espèces d’insectes et nématodes (vers). L’huile de neem est un produit naturel dont les extraits ont une action extrêmement toxique et non mutagène sur les insectes, mais reste inoffensive pour les animaux à sang chaud et les hommes. Les substances actives, qui éliminent radicalement les larves de moustiques, se dégradent par ailleurs rapidement sous l’action des rayons du soleil. Utilisée en pulvérisation, l’huile est obtenue à partir du fruit de l’arbre.

30 kg de fruits pour 3,75 litres d’huile

La récolte des fruits de neem se fait soit en cueillant les fruits de l’arbre, soit en les ramassant à terre. A l’intérieur, une, parfois deux, amande(s) brune(s). Après le décorticage, le vannage consiste à séparer les débris de coques des amandes pour en faire de l’huile. Au Sénégal, le neem est productif vers 4 ou 5 ans. Il atteint sa pleine maturité vers sa dixième année, âge à partir duquel, il produit en moyenne 30 à 50 kg de fruits par an. Pour ce qui est de la fabrication de l’huile de neem, 30 kg de fruits fournissent 13,60 kg d’amandes, qui pourront fournir 3,75 litres d’huile par un procédé de pressage artisanal.

Le neem, malgré ses nombreuses vertus et produits dérivés, n’est malheureusement pas exploité sous forme de plantations surveillées. Ce qui permettrait une production plus conséquente. La direction de la Recherche forestière préconise « des plantations avec des écartements de 10 m sur 10 m pour éviter les effets bordure. Ainsi dans un hectare, on pourrait avoir 100 à 120 arbres qui produiront annuellement au bout de 4 à 5 ans 3 à 4 tonnes de graines ». L’utilisation des feuilles, de la poudre des graines ou de l’huile soigne l’homme et protège les céréales et légumineuses en stock ou sur pied contre les insectes nuisibles. L’importance du paludisme en Afrique et les crises acridiennes qui sévissent sur le continent justifient à eux seuls que soit développée une exploitation sans retenue du neem, l’arbre universel.

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