Le COVID-19 pourrait coûter 500 milliards de dollars à l’Afrique


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Carte Covid africa 17 avril 2020

Selon une nouvelle étude de l’Union africaine, jusqu’à 20 millions d’emplois dans les secteurs formel et informel en Afrique pourraient être perdus à cause du COVID-19 pour un coût de 500 milliards de dollars. Les secteurs du tourisme et de l’aviation seraient particulièrement touchés.

Publiée début avril, l’étude de l’Union africaine a révélé que les investissements directs étrangers (IDE), les recettes touristiques et les envois de fonds subiront des baisses importantes à mesure que le continent s’attaque à la pandémie. Intitulée L’impact du coronavirus sur l’économie africaine, l’étude a modélisé deux scénarios, chacun ayant une chance égale de se réaliser. Dans le premier scénario (réaliste), la pandémie sera contenue dans les cinq mois, causant des dommages minimes; dans le deuxième scénario, la pandémie durera huit mois et les pays seront gravement touchés.

Le scénario le plus optimiste prévoit une décroissance du PIB de 2020 de -0,8% tandis que le scénario pessimiste deux se traduira par une décroissance de -1,1%. Étant donné que la croissance du PIB du continent en 2020 avait été projetée à 3,4%, même le scénario optimiste est une baisse significative de 4,2% tandis que le scénario pessimiste prévoit une baisse de 4,5%.

La croissance négative serait due à une «perturbation de l’économie mondiale par le biais des chaînes de valeur mondiales, à la chute brutale des prix des produits de base et des recettes fiscales et à l’application de restrictions de voyage et sociales».

De plus, une baisse de 35% des exportations et des importations vaudrait 270 milliards de dollars. Pourtant, l’Afrique aura besoin de 130 milliards de dollars pour « lutter contre la propagation du virus et les traitements médicaux », a déclaré l’Union africaine.

Baisse des prix du pétrole

L’Afrique perdra entre 20% et 30% de ses recettes fiscales, qui étaient de 500 milliards en 2019, obligeant les gouvernements à recourir à l’emprunt pour combler le déficit. Les pays tributaires des produits de base tels que l’Algérie, l’Angola, le Cameroun, le Gabon, le Ghana, le Nigeria et la République du Congo seront les plus touchés.

L’effondrement du prix du pétrole à moins de 30 dollars le baril et un effondrement des secteurs du tourisme et du transport aérien vont bouleverser les programmes de développement des pays.

Les secteurs du tourisme et du pétrole représentent 25% du PIB des cinq principales économies africaines – Nigeria, Afrique du Sud, Égypte, Algérie et Maroc. L’étude a souligné que «le niveau de l’impact du COVID-19 sur ces cinq économies sera représentatif de l’ensemble de l’économie africaine».

Le pétrole représente 90% des exportations du Nigeria et 70% de son budget national, ce qui signifie que toute baisse des prix aura un impact sur les bénéfices. Le Nigeria et l’Angola, les deux principaux producteurs de pétrole d’Afrique, pourraient perdre jusqu’à 65 milliards de dollars de revenus.

Effets sur le tourisme

En Afrique du Sud, la pandémie de COVID-19 menace les principales sources de revenus des pays – les mines et le tourisme. Avec 10,47 millions d’arrivées en 2018, le pays était deuxième derrière l’Égypte en termes de recettes touristiques, selon le World Travel and Tourism Council. Globalement, le tourisme a contribué pour 194,2 milliards de dollars ou 8,5% au PIB de l’Afrique en 2018.

Le tourisme au Maroc en souffrira également, ainsi que son industrie automobile, qui représentait 6% du PIB du pays en 2019.

L’étude mentionne que «le tourisme emploie plus d’un million de personnes dans chacun des pays suivants: le Nigeria, l’Éthiopie, l’Afrique du Sud, le Kenya et la Tanzanie. … Et plus de 20 pour cent de l’emploi total aux Seychelles, au Cap-Vert, à São Tomé et Príncipe et à Maurice.

Déjà, les secteurs du tourisme et de l’aviation en Afrique sont sous le choc de l’impact de COVID-19, les hôtels mettant à pied des travailleurs et les agences de voyage fermant leurs portes.

«Selon le scénario [réaliste] moyen, les secteurs du tourisme et des voyages en Afrique pourraient perdre au moins 50 milliards de dollars… et au moins deux millions d’emplois directs et indirects.»

Les principales compagnies aériennes africaines, notamment Ethiopian Airlines, EgyptAir, Kenya Airways et South African Airways, seront affectées par les restrictions de voyage à travers le monde.

Selon l’Association internationale du transport aérien (IATA), l’industrie du transport aérien en Afrique contribue jusqu’à 55,8 milliards de dollars (2,6%) au PIB de l’Afrique et soutient 6,2 millions d’emplois. Au 11 mars, les compagnies aériennes africaines avaient perdu 4,4 milliards de dollars de revenus en raison des retombées de la pandémie.

Baisse des IDE

L’étude a estimé une baisse comprise entre -5% et -15% des IDE en Afrique. Les données publiées en 2019 par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) répertorient les cinq principaux pays d’IDE de l’Afrique : Afrique du Sud (5,3 milliards de dollars), Égypte (6,8 milliards de dollars), République du Congo (4,3 milliards), Maroc (3,6 milliards de dollars) et Éthiopie (3,3 milliards de dollars). Au total, l’Afrique a reçu 46 milliards de dollars.

On s’attend également à ce que les envois de fonds diminuent, ce qui gruge les liquidités dans de nombreuses économies. «Les envois de fonds peuvent atteindre 23% au Lesotho et plus de 12% aux Comores, en Gambie et au Liberia», a indiqué l’étude.

Alors que les économies avancées sont en récession, l’aide publique au développement (APD), dont de nombreux pays africains dépendent pour financer le développement, viendra en filets, voire pas du tout.

Le COVID-19 affectera probablement le lancement d’un libre-échange qui devait commencer en juillet 2020 dans le cadre de la zone de libre-échange continentale africaine. Le commerce total de l’Afrique pour 2019 était de 760 milliards de dollars, soit 29% du PIB du continent. Sur ce montant, le commerce intra-africain n’était que de 17%.

Pour plus d’informations sur le COVID-19, visitez le site www.un.org/coronavirus

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