L’Algérie retrouvée de Mohammed Dib


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Tlemcen ou les Lieux de l'écriture
Tlemcen ou les Lieux de l'écriture

Livre émouvant et beau, le texte de Mohammed Dib intitulé  » Tlemcen ou les lieux de l’écriture « , publié par les éditions de la Revue noire, est à la fois une oeuvre de photographe et une oeuvre de poète : en marge de ses clichés qui ressuscitent l’atmosphère de la ville où il a longtemps vécu, Mohammed Dib développe progressivement une réflexion sur le besoin d’écrire et les émotions qui l’ont nourri.

 » D’abord, entre mon horizon et moi, le partage n’est pas fait. Lui et moi ne savons pas encore qui est l’autre. Puis nous le savons. Et dans le recul pris, le paysage, identique dans sa pérennité, s’érige en témoin des origines.  » Le paysage du poète, ce n’est pas seulement une ligne d’horizon, c’est le recueil des différents lieux où sa personnalité s’est forgée, et que la photographie lui restitue. La patio,  » centre de la maison  » algérienne, autour duquel la vie familiale s’ordonne.  » Les trois frères « , monument repère des habitants de Tlemcen, ensemble de trois rochers étrangement figés, saisis ici dans le brouillard. Le four banal, où chacun vient cuire son pain. Ce décor a ses acteurs familiers : les autres enfants, si nombreux, qui composent un univers à part, avec ses règles et ses secrets.

Mais ce que débusque Mohammed Dib, en quête de ce passé, ce sont les prémisses de l’écriture, les premières expériences, les questions reflétant la curiosité des femmes : « -Tu écris des lettres ? -Non, j’écris pour moi. De brusques rires d’incrédulité accueillaient ma réponse… Et ma mère : qu’il fasse ce qu’il veut !  »

Car l’écriture se définit aussi, d’abord, comme une distance, un recul, une coupure nécessaire entre cet espace du quotidien et celui choisit de le dire. Il n’y a pas continuité, mais rupture, il faut d’abord sortir du cercle, pour le décrire ensuite. C’est l’histoire de cet écart et de l’effort qu’il faut en permanence aussi recommencer pour le combler que raconte Mohammed Dib, et que disent aussi les photographies de Philippe Bordas qui viennent donner un écho contemporain aux clichés réalisés en 1946 par le poète. Une réussite, justement couronnée en 1994 par le Grand Prix de la Francophonie décerné par l’Académie française.

Commander le livre : Editions de la Revue noire, 1994.

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