L’Afrique courtisée par l’Occident


Lecture 3 min.
Globe terrestre
Globe terrestre représentant une partie de l'Afrique

Depuis lundi, les trois pays africains membres non permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies sont au centre d’un intense ballet diplomatique. Alors que se profile le vote sur la résolution ouvrant la voie à une action militaire en Irak, les Anglo-saxons partisans de la guerre ont besoin des voix africaines (Guinée, Angola, Cameroun) pour mettre la pression sur un veto franco-russe.

L’Angola, la Guinée et le Cameroun n’ont probablement jamais autant intéressé les puissances occidentales. Les trois pays, membres africains non permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, font l’objet de toutes les attentions de la part de Washington, Londres et Paris.

En effet, alors que la France et la Russie ont annoncé lundi qu’elles ne voteraient pas une résolution autorisant le recours à la force contre l’Irak, les Américains, Anglais et Espagnols cherchent neuf voix pour défier les Français et les Russes d’opposer leur veto à leur projet de résolution ouvrant la voie à une action militaire en Irak. Il leur faut rallier les cinq indécis du Conseil de sécurité : les trois pays africains ainsi que le Chili et le Mexique, le Pakistan s’étant prononcé pour l’abstention.

La guerre est  » inévitable « 

Le vote des pays africains se dessine en fonction des intérêts économiques et diplomatiques de chacun. Les Etats-Unis, principaux fournisseurs de l’aide humanitaire en Angola (128 millions de dollars en 2002) sont surtout les plus importants investisseurs dans le secteur pétrolier, pilier de l’économie angolaise. De fait, la visite du chef de la diplomatie française, Dominique de Villepin, lundi, à Luanda, pour convaincre l’Angola de dire  » non  » à la guerre, s’est soldée par un échec.

Le ministre angolais des Affaires étrangères, Joao Bernardo de Miranda, a déclaré, après avoir assisté aux 45 minutes d’entretien entre le président José Eduardo dos Santos et Dominique de Villepin, que la guerre en Irak était  » inévitable « , soulignant que  » les attentions doivent être maintenant tournées vers l’après-guerre « . Et d’ajouter que son pays ne se sent pas proche ni des Etats-Unis ni de la France, qu’il est  » pour la paix  » et  » naturellement pour le désarmement de l’Irak comme le souhaite toute la communauté internationale « .

Ballet diplomatique

A l’inverse, la France, premier partenaire commercial du Cameroun, semble avoir plus de poids du côté de Yaoundé.  » La France et le Cameroun sont de vieux amis « , déclarait récemment le ministre d’Etat Elvis Ngole-Ngole. Pour autant, le pays d’Afrique centrale, qui se prononçait jusqu’ici pour la poursuite des inspections de l’Onu a déclaré vendredi dernier devant le Conseil de sécurité que celles-ci  » ne devraient pas se prolonger indéfiniment « …

Quant à la Guinée, elle s’affiche toujours en faveur d’un règlement pacifique de la crise irakienne et milite pour la poursuite du désarmement de l’Irak par le biais des Nations Unies. Ancienne colonie française, le pays est assez distant avec Paris. D’autant plus que les Etats-Unis lui apportent une assistance militaire conséquente, achètent sa bauxite et lui ont proposé en octobre dernier un  » nouveau partenariat de développement économique « . Malgré tout, la population guinéenne, musulmane à 94%, verrait d’un mauvais oeil une attaque contre l’Irak. Le président Lansana Conté, très affaibli, n’a pas encore donné sa position officielle.

La secrétaire d’Etat britannique pour l’Afrique, Valérie Amos, a pris la suite de la tournée éclair, lundi, de Dominique de Villepin. Elle doit se rendre entre lundi et mercredi dans les trois pays africains pour les convaincre de voter en faveur de la résolution autorisant le recours à la force. Ce vote, prévu initialement mardi, devrait donc plutôt se tenir en fin de semaine.

Lire aussi

Le Cameroun face à la guerre en Irak.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News