La voix de Vita


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Avec son film Nha Fala, le Bissau-guinéen Flora Gomes réalise une comédie musicale chatoyante où le conte n’est jamais très loin. Une belle entrée en matière pour la 11ème Quinzaine du cinéma francophone du centre Wallonie-Bruxelles.

Il y a les couleurs du Cap-Vert et la musique de Manu Dibango. Il y a une histoire grave et légère à la fois. Il y a de la poésie et une pincée de surréalisme. Et puis il y a Fatou N’Diaye. Qui irradie, dévore l’écran, brûle la pellicule. Le réalisateur Flora Gomes l’a découverte, comme les téléspectateur français, dans le téléfilm de Daniel Vigne Fatou la Malienne.  » Ça s’est fait très rapidement « , explique la jeune franco-sénégalaise.  » J’ai tout de suite adoré le projet, j’ai rencontré Flora et c’était parti. J’ai appris le créole portugais et nous avons passé deux très beaux mois au Cap-Vert. Ma seule frustration : ce n’est pas moi qui chante dans le film !  »

Le film de Flora Gomes, Nha Fala (Ma voix), raconte l’histoire de Vita, Bissau-guinéenne de 20 ans dont la beauté laisse sans voix ou inspire des chansons entières. Vita n’a pas le droit de chanter car une malédiction pèse sur les filles de sa famille : si elles chantent, elles meurent. En partant pour Paris, Vita va casser cet interdit, brisant le serment fait à sa mère de ne jamais dévoiler sa voix. Amoureuse de Pierre, un musicien, elle se laisse convaincre d’enregistrer un disque qui rencontre un succès planétaire. Vita sait qu’un jour ou l’autre, sa mère, là-bas, en Guinée Bissau, l’entendra et en mourra de chagrin. Pour éviter cela, la jeune fille repart dans son pays pour organiser elle-même ses funérailles… et renaître en chantant !

Conte moderne

Cette comédie musicale entraînante tient de la fable.  » C’est un conte moderne qui pose la question de la double nationalité et de la relation parfois difficile entre tradition et modernité « , explique le réalisateur. Dans ce conte chatoyant, la place du village a des allures de scène de théâtre et le Paris de Vita ressemble fort à celui d’Amélie Poulain, avec Montmartre vécu en technicolor. Manu Dibango et sa musique tout aussi colorée se sont habillement glissés dans le scénario.  » Ce fut un travail intéressant : je ne parle pas portugais. Il a donc fallu me traduire le script au fur et à mesure pour que j’essaie d’imaginer les scènes… en français !  » Le résultat est impeccable et porte le film avec une vigueur et une joie de vivre à toute épreuve, même quand on parle de mort…

Nha Fala, sélectionné au dernier Festival de Venise, a ouvert lundi la 11ème Quinzaine du cinéma francophone du centre Wallonie-Bruxelles. Cette année, trente films de vingt pays sont au programme, avec une grande place faite aux cinémas d’Afrique noire et du Maghreb.

Nha Fala de Flora Gomes (2002 – Guinée-Bissau, Luxembourg, France, Portugal – 89 min.)

11ème Quinzaine du cinéma francophone du 7 au 19 octobre 2002

Centre Wallonie-Bruxelles – 46, rue Quincampoix – 75004 Paris

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