Saartjie Baartman, la Vénus retrouve sa dignité


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Saartjie Baartman dans Illustrations de l'Histoire Naturelle des Mammifères @wikipedia
Saartjie Baartman dans Illustrations de l'Histoire Naturelle des Mammifères @wikipedia

La Vénus hottentote, Saartjie Baartman pour l’état civil, retournera en Afrique. Elle quittera Paris, deux siècles après sa mort, pour être enterrée chez elle. Dans la dignité. Exhibée dans les foires, exploitée en Angleterre puis empaillée et exposée au musée de l’Homme à Paris, rarement une vie humaine n’a été autant synonyme d’humiliation et de souffrance.

Trois francs pour voir le monstre. La Vénus hottentote servait d’alibi pour montrer « la supériorité de l’Homme blanc ». De cirques en foires, de soirées privées en expositions publiques, Saartjie Baartman, surnommée la Vénus hottentote, a servi tous les fantasmes du Blanc conquérant et « civilisateur ». « À son arrivée à Londres, le rêve se transforma rapidement en cauchemar : elle fut exhibée comme une bête de foire, puis servit d’objet sexuel lors de soirées privées, avant de sombrer finalement dans la prostitution. Elle termina sa courte existence à Paris, où elle devint un objet de curiosité scientifique », s’indigne Nicolas About, sénateur français. Avant de finir au musée de l’Homme à Paris, exposée comme une curiosité « exotique » jusqu’en 1974, Saartjie Baartman écumait les cirques londoniens. La Sud-Africaine quitte Le Cap en 1810, persuadée par deux « impresarios » qu’elle ferait fortune en Europe.

Vendue à un montreur d’animaux

Son succès londonien s’épuise très vite. Elle devient prostituée avant d’être vendue, en 1814, à un montreur d’animaux qui l’exhibe à Paris pour trois francs. « Le succès » revient. Les racialistes parisiens s’enflamment. Avec ses formes, elle représente pour eux, la preuve vivante de la suprématie de la race blanche. Malade, déprimée, le symbole de « l’infériorité africaine » meurt une année plus tard, à 38 ans. Elle est disséquée par le baron Cuvier. Empaillée, elle « finit » sa vie au musée de l’Homme à Paris. « Son corps fut disséqué, son cerveau et ses organes conservés dans le formol, et son squelette exposé au musée de l’Homme, tel un vulgaire trophée ramené d’Afrique. Il est stupéfiant de penser que cette sordide exhibition a duré en France jusqu’en 1974 ! Aujourd’hui, les restes de cette femme pourrissent dans une remise du musée de l’Homme », s’irrite Nicolas About.

Les députés français ont voté, jeudi dernier, le retour de Saartjie Baartman dans son pays d’origine. Où elle pourra être enterrée dans la dignité. Au milieu des siens. Deux cents ans plus tard.

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