La France se doit d’être présente au Sommet de la francophonie à Kinshasa


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Il est légitime de s’interroger sur le fonctionnement de la démocratie en République Démocratique du Congo. Faut-il faire pour autant de ce pays le « bouc émissaire » de toutes les exactions et atteintes aux Droits de l’Homme en Afrique et dans le reste du Monde ? Ce serait fort injuste.

Quelques personnes s’interrogent sur l’opportunité de la présence du Président de la République au prochain Sommet des chefs d’Etat francophones conviés par l’OIF (l’Organisation Internationale de la Francophonie) à se retrouver en octobre à Kinshasa. L’enjeu est énorme. Il dépasse largement le cadre des affaires intérieures congolaises. Qui peut imaginer que le monde francophone se rassemble sans la France ? Avant 2012, 13 sommets des Chefs d’Etat ont eu lieu. Les Présidents de la République Française se sont tous fait un devoir d’y être toujours présents. Qui peut imaginer que François Hollande soit le premier à bouder un événement que François Mitterrand lui-même avait initié en 1986 « afin que tous les pays du monde ayant en commun l’usage du français puissent tous les 2 ans ouvrir entre eux un dialogue ouvert et franc sur les enjeux d’intérêt commun de nature économique et politique ? « [[Déclaration finale du 2ème sommet des Chefs d’Etat francophones. Québec. Septembre 1987]].

A Montreux en 2010, dans la même déclaration finale du 13ème sommet des Chefs d’Etat, il est dit « qu’une évaluation serait faite lors du 14ème somme à Kinshasa des engagements pris ». Parmi ceux-ci figurent des points précis en matière de respect des Droits de l’Homme et de la démocratie[[articles 10 et 12 de la déclaration finale]]. Comment la France pourrait-elle être crédible et demander des comptes sur la mise en œuvre de ces engagements si elle est absente et se prive elle-même du droit de s’exprimer ?

En quoi, la politique de la « chaise vide » pourrait elle apporter une solution au problème ? Quelles protections supplémentaires pourrait-elle garantir aux opposants ?

Partout on attend du nouveau Président Français non qu’il soit absent mais qu’il assume pleinement sa présence et délivre un message clair ouvrant un nouveau dialogue avec le monde francophone notamment les pays d’Afrique sur les enjeux de l’avenir : la recherche de modes de gouvernance innovants basés sur la décentralisation et le respect des minorités, le soutien au développement local fondé sur la modernisation de l’agriculture et les PME, la formation professionnelle des jeunes, un programme ambitieux de co-investissements dans les énergies renouvelables, les équipements de proximité et les nouvelles technologies…

Les temps ont changé. La défense de la langue et de la culture françaises est plus que jamais un combat pour la diversité et la démocratie mais aussi pour le développement.

Les jeunes générations de nos pays ont besoin de construire ensemble un espace économique commun répondant à leur avenir.

Plus que jamais la francophonie a besoin d’un « leadership » moral, économique et politique. Fort de sa nouvelle légitimité, François Hollande a toutes les cartes en mains pour en assurer la responsabilité.

La francophonie n’est pas un combat du passé c’est une idée neuve. Il est temps de lui donner de nouvelles inflexions et un nouveau souffle. La première étape se joue à Kinshasa. La France ne doit pas en être absente. Elle doit y jouer le rôle central.

Jean-Paul BACHY

President du Conseil Régional de Champagne Ardenne,

Vice Président de l’ Association Internationale des Régions Francophones

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