La charia en marche au Nord-Mali


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Depuis le coup d’Etat du 22 mars, le Nord est contrôlé par des groupes islamistes. Parmi eux, Ançar Dine qui débute son opération d’instauration de la charia, la loi islamiste, à Tombouctou. Une de ses premières actions a été de punir de cent coups de fouet un couple qui entretenait une liaison hors mariage.

Les habitants de la ville de Tombouctou ont assisté, mercredi, à une scène inédite. Les islamistes d’Ançar Dine ont fait infliger cent coups de fouets à Hamaradane et à sa fiancée Zebou. Les islamistes accusent le couple d’avoir entretenu une relation hors mariage qui a donné naissance à un enfant. Dénoncés pour adultère, puis arrêtés devant le domicile de la jeune femme, les deux jeunes ont vite été présentés devant un cadi, le juge traditionnel malien, qui a prononcé leur sanction. Selon un témoin de la scène, « ils ont été amenés sur la place. On les a mis devant les gens, ils n’ont pas été déshabillés, ils sont restés avec leur tenue et on a commencé à administrer à chacun d’eux cent coup de cravache ». Selon des témoignages, les deux jeunes se sont fait soigner par la suite à l’hôpital de Tombouctou, ils se sont mariés dans la soirée.

Le Nord du Mali est occupé depuis fin mars par des groupes armés du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Ançar Dine, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). A Tombouctou, le groupe islamiste armé Ançar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghaly, a instauré la charia (la loi islamique). Le groupe ne laisse aucun répit à la population maintenue sous surveillance au cas où elle dérogerait à la loi islamique. Hamaradane et sa fiancée Zebou ont fait les frais de ce strict contrôle.

Le gouvernement impuissant face à Ançar Dine

A la suite de la flagellation du couple, le gouvernement a condamné ces agissements en publiant des communiqués. Selon le ministère de la Communication, « le gouvernement a condamné énergiquement ces pratiques d’un autre âge contraires aux droits de l’homme et à la dignité de la personne et assure que ses auteurs seront poursuivis devant les juridictions compétentes ». Le gouvernement qui n’a toujours pas réussi à venir à bout de la crise malienne, s’en est remis à la communauté internationale, « la prenant à témoin sur ces brutalités anti républicaines, sur la nature réelle de ces groupes terroristes qui ne comprennent que l’usage de la violence ». Par ailleurs, le gouvernement a tenu à « réaffirmer » qu’il « n’abandonnera jamais » ses compatriotes « vivant dans le Nord du pays et qu’il travaille d’arrache-pied aussi bien au niveau national qu’international pour mettre fin à leurs souffrances» », rapporte Maliweb.

Les populations du Nord-Mali ne sont pas au bout de leurs peines. D’autres habitants pourraient subir prochainement des châtiments. A Tombouctou, selon des sources proches de la police islamique, six autres femmes ayant eu des enfants hors mariage devraient être prochainement « sanctionnées ». Un représentant d’Ançar Dine, Sanda ould Boumana estime que « la charia doit être appliquée, que la population l’accepte ou non. »

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