Hausse des prix des denrées, les ménages étouffent au Sénégal


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Marché central de Thiès
Marché central de Thiès

Les Sénégalais ne savent plus où donner de la tête face à la hausse des prix des denrées, surtout celles de première nécessité. Le riz, l’huile, le sucre entre autres, ont vu leurs prix monter au grand désarroi des ménages.

Les prix des denrées de première nécessité ont grimpé au Sénégal entraînant une véritable tension alimentaire. Il n’y a pas que le riz, l’huile et le sucre qui ont connu une flambée de leurs prix, même le lait a connu le même phénomène. « Le plus grave est que chacun semble appliquer son prix. Les prix fixés par les boutiquiers d’un même quartier varient souvent. On assiste à une sorte de libéralisation des prix, ce qui est extrêmement grave, surtout dans un pays qui se dit organisé », déplore Moustapha Diagne, opérateur économique. « Je suis dans le milieu, mais la façon dont les choses se passent actuellement et que l’Etat ne lève pas le plus petit doigt pour mettre un terme à ce que j’appelle de la spéculation, c’est très grave », poursuit-il.

Au marché central de Thiès, le constat est là, en effet, même le prix du poisson a flambé. « Un barracuda moyen que j’achetais, il y a quelques jours, à 14 000 FCFA, aujourd’hui, il me faut casquer au moins 20 000 FCFA pour l’avoir, je trouve cela inadmissible. Les gens exagèrent quand même. Il est grand temps qu’ils reviennent à la raison. Car là, je pense que c’est trop », se plaint Maïmouna Ndiaye, enseignante venue faire ses courses. « Au départ, j’avais cru comprendre que c’étaient les produits importés qui avaient subi une hausse des prix, que vient faire dans ce lot le poisson pêché dans les eaux sénégalaises ? C’est vraiment de l’exagération », peste-t-elle.

« Depuis quand la boîte de tomate concentrée coûte-t-elle 1 300 FCFA ? Vraiment vous exagérez. Vous êtes en train de faire du n’importe quoi. Vous fixez vos prix comme bon vous semble », venait de lancer une dame, teint clair, lunettes de soleil, drapée d’un tissu wax de couleur verte assortie de fleurs noires avec un peu de rouge. Elle haussait le ton sur son détaillant qui venait de lui fixer le prix de la boîte de tomate dont le poids est d’un kilogramme. « Cela se voit que vous êtes restée quelques jours sans venir au marché. Cela fait assez longtemps que le prix de cette boîte a évolué. Comme beaucoup de produits d’ailleurs », rétorque le commerçant.

Marché central Thiès« En tout cas, à ce rythme, je pense que nous serons bientôt obligés de quitter le Sénégal pour aller vivre dans un autre pays où la vie est moins chère », renchérit la bonne dame, tout en ouvrant son porte-monnaie pour y sortir un billet de 5 000 FCFA qu’elle remet au boutiquier. Le temps que ce dernier lui rende sa monnaie, il a le temps de lui glisser une réponse. « Partout où vous irez, vous trouverez cette même hausse de prix, qui, à mon avis, est mondiale. J’entends les gens dire que c’est lié au Coronavirus », fulmine l’homme, teint noir, un bonnet noir-blanc à peine posé sur la tête laissant apparaitre toute sa chevelure. « Le Coronavirus commence vraiment à nous fatiguer », lance la dame qui avait déjà rangé la boîte de tomate dans son panier rose. Elle quittait déjà la boutique pour aller poursuivre ses emplettes.

La tension alimentaire actuelle dans les marchés sénégalais est-elle réellement liée à la pandémie du Coronavirus ? Les citoyens de ce pays d’Afrique de l’Ouest se posent cette question. Car, pour eux, difficile de croire que la situation actuelle est liée à la maladie. « Même le prix du mil a augmenté. Avant, il me fallait tout juste 650 francs pour assurer l’alimentation quotidienne de mon cheval. Maintenant, je franchis la barre des 1 000 francs. Car tout a augmenté », se plaint Moussy Sy, conducteur de charrette tiré par un cheval. En effet, le prix du kilogramme de mil est passé de 200 francs à 325 voire 350 francs dans certains quartiers du Sénégal. Le cas du niébé (petits haricots), denrée souvent appelé « la viande des pauvres », en raison de sa grande teneur en protéines, est plus frappant, puisque le kilo se vend aujourd’hui entre 1 000 et 1 200 FCFA. A alors qu’à une pareille période de l’année, ce prix tournait autour de 500-600 FCFA.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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