Guinée : syndicalistes et autorités seraient prêts à discuter


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Après avoir arrêté des centaines de militants, l’armée a allégé lundi le couvre feu auquel les citoyens guinéens sont astreints depuis une semaine. Les syndicats et les autorités politiques, qui doivent se rencontrer dans l’après-midi, seraient prêts à s’entendre sur un compromis.

Avec Panapress

Les Guinéens ont recommencé à vaquer à leurs occupations, lundi, à Conakry, après que le couvre feu de 20 heures décrété la semaine passée par le président Lansana Conté a été allégé. La circulation des personnes, des véhicules et des biens dans les localités habitées sur l’ensemble du territoire national n’était permise que de 16h à 20h, elle l’est désormais de 6h à 18h. Mais le pays est toujours en état de siège et une rencontre était prévue lundi après-midi entre les dirigeants syndicaux et les présidents de la Cour suprême, de l’Assemblée nationale et du Conseil économique et social, selon la BBC.

Samedi dernier, les centrales syndicales ont boycotté une réunion avec les autorités politiques guinéennes, liant toute reprise du dialogue à la levée de l’état de siège. Mais une rencontre avec les chefs religieux musulmans, à la Grande Mosquée Fayçal de Conakry, puis chrétiens, avec le Conseil Chrétien de Guinée, le lendemain, semble avoir assouplit leurs positions. Les syndicats n’exigeraient plus le départ du président Conté et les autorités renonceraient de leur côté à la nomination au poste de Premier ministre d’Eugène Camara, selon Guineeconakry.info. L’accord signée le 27 janvier avec la présidence prévoyait la nomination d’un premier ministre de consensus, mais Eugène Camara est jugé trop proche du chef de l’Etat par les représentants de la société civile.

Des centaines de militants arrêtés

Depuis une semaine, l’état de siège a permis aux forces de l’ordre d’arrêter des centaines de personnalités politiques et de la société civile. Les militaires ont arrêté 103 personnes à Banankoro, (750 km à l’est de Conakry) et fait 70 blessés graves, accusés d’être les auteurs des pillages et autres destructions de bâtiments publics et privés, a indiqué dimanche Mohamed Diané, le secrétaire administratif du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG, opposition), depuis la capitale guinéenne. Entre vendredi et dimanche, quatre personnes ont trouvé la mort dans cette ville, selon M. Diané.

Toutes les localités du centre du pays, majoritairement acquises au RPG, sont touchées par la répression des forces de l’ordre qui ont arrêté 12 personnes à Dabola, dont un membre du Comité central du parti. Elles ont respectivement arrêté 33 et 80 personnes à Kouroussa et à Kairouané, dont des responsables du RPG, et fait des descentes musclées en Guinée Forestière, notamment à Guéckédou et Kissidougou, où 105 et 10 personnes ont été interpellées, selon la même source.

Cette « véritable razzia contre des militants et manifestants opposés au pouvoir » a été confirmée par Ben Sékou Sylla, le président du Conseil national des organisations de la société civile. L’état de siège décrété par le président Conté donne le droit aux forces de l’ordre d’arrêter « toute personne dont l’activité présente un danger pour la sécurité publique », et de « mener en tout lieu des perquisitions de jour et de nuit ».

Le Pape Ratzinger a réclamé dimanche le « respect des droits humains et civils » en Guinée et l’Union européenne a appellé le gouvernement « à l’application loyale de l’accord signé avec les syndicats ».

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