Guinée : Jean-Marie Doré fidèle aux accords de Ouagadougou


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Le Premier ministre de la transition, Jean-Marie Doré, a animé, pour la deuxième fois depuis son arrivée à la tête du gouvernement, une conférence de presse. Elle s’est déroulée mercredi, à Conakry, dans les locaux de la primature. Parmi les sujets abordés figuraient, entre autres, les élections et l’adoption de l’avant-projet de la nouvelle constitution guinéenne. Il s’est aussi prononcé sur ses relations avec le président de la transition, Sékouba Konaté, le conseil national de la transition, et a dénoncé les malversations financières du CNDD, l’ancien parti au pouvoir.

Notre correspondant en Guinée

Dans son exposé introductif, le Premier ministre guinéen a fixé le cadre de la rencontre. Il s’est réjoui de l’ouverture effective par son gouvernement de tous les chantiers fixés par les accords de Ouagadougou du 15 janvier dernier. Notamment les préparatifs de la prochaine consultation présidentielle fixée au 27 juin prochain, le démarrage des opérations de restructuration des forces de défense et de sécurité, le retour à l’orthodoxie économique, et le rétablissement de l’autorité de l’Etat.

Interpellé sur l’avant-projet de la nouvelle constitution, Jean-Marie Doré s’est montré favorable à son adoption par voix référendaire. Pour soutenir sa position, le Premier ministre a déclaré que même au temps du régime autoritaire du défunt président Lansana Conté, quand il s’est agi de modifier la constitution pour faire sauter le verrou de l’âge limite des candidats, la durée et le nombre du mandat, le projet a été soumis au referendum après son adoption par l’Assemblée nationale. Il en est de même pour le Mali voisin, qui a dû organiser, dans un passé récent, un referendum pour modification d’un seul article. Pour lui, c’est une question de principe et de respectabilité du peuple de Guinée.

Concernant l’élection présidentielle prévue le 27 juin prochain, le Premier ministre a estimé que son gouvernement n’avait d’autre choix que de maintenir le scrutin, l’organisation des élections en Guinée incombant à la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Pour ceux qui soupçonnaient Jean Marie de vouloir faire entorse aux accords de Ouagadougou, il a déclaré qu’il n’était pas candidat à la prochaine présidentielle. Mais il a précisé que son parti allait voter pour une autre formation politique, en fonction des consignes qu’il donnerait.

Concernant les rapports gouvernement-conseil national de la transition (CNT), Jean-Marie Doré a reconnu de manière voilée les relations difficiles qu’il entretient avec l’organe dirigé par la syndicaliste Rabiatou Serah Diallo. Il s’est d’ailleurs plaint de n’avoir pas reçu du CNT au moins le brouillon de l’avant-projet de la nouvelle constitution. Par contre, les rapports entre le chef du gouvernement et le président de la transition, Sékouba Konaté, sont bons, même très bons, a déclaré Jean-Marie Doré. Ils sont d’accord sur la nécessité de tenir des élections démocratiques et de restructurer l’armée. La restructuration des forces de défense et de sécurité se poursuit sous la direction du général sénégalais Lamine Cissé. Toutefois, les fonds ne sont pas encore mis à dispositions. Le Premier ministre s’est surtout étendu sur l’impératif du casernement de la Grande muette, ce qui permettrait de minimiser les actes de vandalisme. Pour ce faire, il faut construire les camps, a soutenu Jean-Marie Doré.

Les partisans de Dadis Camara mis en garde

Accusé de signer des contrats miniers en violation des accords de Ouagadougou, le Premier ministre s’est défendu d’avoir réalisé de tels actes. Il a seulement reconnu la signature, par son gouvernement, d’un avenant au contrat de 2006 de SCS Corporation (filiale de la société américaine hyperdynamic). Pour justifier cet engagement, Jean-Marie Doré a dit avoir pris les commandes du gouvernement alors que le pays était à plat ventre. Selon ses dires, la « mauvaise et calamiteuse gestion » de 12 mois du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) de Moussa Dadis Camara, l’ex-chef de la junte, a laissé une dette intérieure supérieure à 4000 milliards de francs guinéens[[6M d’euros]]. Il a par ailleurs mis en garde les partisans de l’ancien homme fort du pays qui tentent de rétablir son pouvoir. « Je les avertis (les partisans de Camara) que toute initiative contre les élections sera traité avec une grande fermeté », a menacé Jean-Marie Doré.

S’agissant de la rénovation de sa résidence de Donka, qui a soulevé un certain nombre d’interrogations, le Premier ministre a dit l’avoir programmée bien avant sa nomination à la primature. « Je ne suis pas un chômeur démuni au point de ne pas pouvoir rénover mon domicile. », s’est-il exclamé. Fonctionnaire international, Jean Marie Doré percevait 18 500 dollars par mois, et engrangeait tous les jours 10 millions de francs guinéens, grâce à une affaire qu’il aurait créée en Guinée dans les années 1990.

Pour rappel, son domicile avait été dévasté par les bérets rouges au lendemain des massacres du 28 septembre 2009. L’Etat avait promis une réparation estimée à 2 milliards de francs guinéens pour lui et certains de ses pairs de l’opposition.

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