Grogne des journalistes camerounais suite au décès de Samuel Wazizi


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Samuel Wazizi
Samuel Wazizi

Après la confirmation du décès du journaliste Samuel Wazizi par le Syndicat national des journalistes camerounais (SNCJ), l’Association camerounaise des journalistes anglophones (CAMASEJ) et le chef de la cellule de communication du ministère de la Défense, le 5 juin dernier, tous les journalistes, comme un seul homme, se sont mobilisés, le 9 juin 2020, dans les Services du gouverneur de la région du Littoral et dans toutes les grandes villes du pays, pour répondre au mot d’ordre que le SNJC et CAMSEJ avaient annoncé quelques heures à l’avance.

Cette grande mobilisation bien que dispersée par les forces de maintien de l’ordre (téléphones arrachés et images supprimées), avait pour but d’exiger une commission d’enquête nationale pour faire toute la lumière sur la mort de Wazizi. Et de connaître le lieu, la date exacte, l’endroit où se trouve la dépouille ainsi que les circonstances de ce décès, après quelque 300 jours de détention sans jugement.

En guise de rappel, Samuel Abuwe Ajiekha, journaliste de la chaîne Chillen Media Television (CMTV), région de Buéa, plus connu sous le nom de Wazizi, présentait une émission en Pidgin, une langue à base d’anglais et largement parlée au Cameroun. Ses émissions traitaient abondamment des sujets sur la crise anglophone. Il était soupçonné par ses bourreaux de complicité avec les sécessionnistes.

Il faut signaler que Samuel Wazizi est le deuxième journaliste, après Mimi Mefo en novembre 2018, à faire les frais de ce qu’on appelle abusivement ou à juste titre « crise anglophone ». Accusée d’avoir publié de fausses informations sur les affrontements entre l’armée et les milices séparatistes, elle avait été écrouée à la prison centrale de New Bell, à Douala, avant d‘être libérée après une forte mobilisation aussi bien au Cameroun qu‘à l‘étranger. Mais Wazizi, arrêté le 2 août 2019, mort le 17 août 2019 et la nouvelle de son décès apparue le 5 juin 2020, n’a pas eu la même chance que Mimi. Et la crise anglophone qui, depuis 2016, a déjà fait plus de 3 000 morts et plus de 700 000 déplacés semble encore loin de son épilogue.

« Il y a un complot contre la presse »

Conscient de ce fait et en toute connaissance de cause des maux qui minent ce noble métier, la Fedipresse, qui représente au Cameroun la grande majorité des Editeurs de presse, avait déjà pris position par son président Haman Mana, en ces termes, lors du Congrès du SNJC : « il y a un complot contre la presse ». Le Directeur de Publication du quotidien Lejour conscient des enjeux de l’heure, voulait par cette déclaration enfoncer le couteau dans la plaie des maux qui minent, non seulement les travailleurs des médias, mais également le patronat.*

Comme pour remuer le couteau dans la plaie, voici aussi le cas du journaliste d’expression anglaise, Kingsley Fumunyuy Njoka, porté disparu depuis le 15 mai 2020, aux environs de 6 heures du matin. Il a été retrouvé le 8 juin 2020 au Service Central des Recherches Judiciaires (SCRJ) du Secrétariat de la Défense (SED) de Yaoundé, chargé de la gendarmerie nationale.

Selon des informations bien documentées par Mandela Center International, Kingsley Fumunyuy Njok, journaliste de profession, a été kidnappé dans son domicile, à Bonabéri, dans l’arrondissement de Douala IV, le 15 mai 2020 à 5h56mn par quatre (04) agents de sécurité incognito dont une dame. Ces faits ont eu lieu alors que sa femme est alitée, gravement malade.

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