Ghana : une élection présidentielle exemplaire


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Les Ghanéens connaissent leur nouveau président depuis samedi. John Atta-Mills, 64 ans, le leader du parti d’opposition, le Congrès démocratique national (NDC), a été déclaré vainqueur au bout d’un scrutin très serré et exemplaire. Toute la communauté internationale félicite le pays pour le bon déroulement de cette élection qui tranche avec celles, sanglantes, qu’a souvent connues le continent.

Mercredi, John Kufuor, 70 ans, président sortant du Ghana passera les rênes du pays à John Atta-Mills, 64 ans, son successeur démocratiquement élu samedi dernier. Après avoir dirigé le pays pendant huit ans, le Nouveau Parti Patriotique (NPP) de John Kufuor, va devoir céder sa place au principal parti d’opposition le Congrès démocratique national (NDC). Fait rare en Afrique, l’alternance, la deuxième en dix ans, se fait dans la paix.

L’élection qui conduit à la cérémonie de mercredi, a été serrée jusqu’au bout. La tension est même montée un temps avant de retomber. Initialement prévu pour le 30 décembre, le résultat définitif n’a été connu que samedi. Il a fallu un ultime vote dans la dernière circonscription de Tain pour départager les deux candidats, Nana Akufo-Addo et John Atta-Mills. Ce dernier, leader du NDC, professeur de droit fiscal et ancien vice-président de Jerry Rawlings, l’a finalement remporté avec 50,23 % des suffrages contre 49,77 % à son rival, soit seulement 40 000 voix d’écart, selon les chiffres de la commission électorale.

Le président de tous les Ghanéens

Ce résultat a été accepté par tous, même si les deux camps s’étaient mutuellement accusés de fraudes. Le vainqueur, John Atta-Mills, a immédiatement affirmé sa volonté d’être «un président pour tous ». Son adversaire, Nana Akufo-Addo l’a aussitôt félicité et a promis de jouer un «rôle constructif pour l’avenir de la nation».

John Atta-Mills, le nouveau président du Ghana

L’opposant John Evans Atta-Mills, né le 21 juillet 1947, à Tarkwa, à l’ouest du pays, est élu président du Ghana. Ce professeur de Droit fiscal et ancien directeur du service général des impôts, est un ancien élève du collège Achimota, qui a formé l’élite ghanéenne depuis 1927. Il est diplômé en Droit de l’université de Legon (au Ghana) où il a effectué l’essentiel de sa carrière. John Atta-Mills est aussi titulaire d’un doctorat obtenu à la School of Oriental and African Studies, à Londres. Auteur de plusieurs ouvrages, il a enseigné à Temple University, aux États-Unis, et à Leiden University, aux Pays-Bas.

Réputé très humble, John Atta-Mills a effectué son parcours politique aux côtés de Jerry John Rawlings, l’ancien président ghanéen. Il a été le vice-président de ce dernier entre 1997 et 2000 et est resté proche de lui pendant sa campagne. Certains de ses détracteurs ont cru lire dans sa candidature l’ombre agissante de Jerry John Rawlings.

Avant son élection samedi dernier, John Evans Atta Mills a été candidat malheureux en 2000 et en 2004. Dans sa profession de foi, ce professeur de droit fiscal a écrit: « Mon rêve est que le Ghana devienne un pays qui tire l’Afrique vers le haut. Un pays de gens éduqués, une démocratie florissante et un État prospère qui puisse servir de modèle au continent tout entier. »

Toute la communauté internationale a salué cette leçon de démocratie ghanéenne. Alors que le continent a été le théâtre, en 2008, de conflits sanglants en République démocratique du Congo, d’élections violentes est contestées au Kenya et au Zimbabwe, le Ghana, l’ancienne Gold Coast britannique, démontre qu’il n’y a pas « de fatalité en Afrique », écrit Libération. Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’Onu, a félicité « l’exemple admirable » du Ghana. « Les Ghanéens affirmé dans un communiqué.

D’importants défis restent à relever

Kgalema Motlanthe, le président sud-africain, a lui aussi estimé que cette élection « est un témoignage du respect de la démocratie et de la bonne gouvernance en Afrique ». « Le peuple a montré dans les urnes combien il appréciait la démocratie », a-t-il ajouté.

La victoire de John Atta-Mills est « celle de la démocratie », a, pour sa part écrit Nicolas Sarkozy, le président français, dans une lettre de félicitations adressée au président élu. « Je suis persuadé que vous saurez accompagner votre pays vers de nouveaux progrès, dans le respect des institutions et des libertés qui désormais le caractérise aux yeux de la communauté internationale dans son ensemble », a-t-il écrit.

Les défis que doit relever le tout nouveau président sont, en effet, importants. John Atta-Mills devra d’abord combattre la corruption qui s’est enracinée dans le pays et qu’il a dénoncée pendant sa campagne. Il aura ensuite la rude tâche d’accélérer la transformation économique du pays. Déjà deuxième producteur mondial de cacao et producteur d’or, le Ghana exportera à partir de 2010 du pétrole offshore. John Atta-Mills devra éviter à son pays la malédiction de l’or noir et faire en sorte qu’il maintienne, en dépit de la crise internationale, son taux de croissance qui se situe depuis quelques années entre 5 et 6%.

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