« Feminon » : la nouvelle arme contre le sida


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Sida (illustration)
Sida (illustration)

Le préservatif féminin constitue un moyen de lutte efficace contre le sida. En donnant aux femmes la maîtrise de leur protection. Problème : il est compliqué à mettre. Et très cher.

La lutte contre le sida en Afrique est en passe de trouver un nouvel allié avec le préservatif féminin. Premier avantage, par rapport à son homologue masculin, le fameux « Feminon » permet aux femmes de maîtriser leur protection lors de ce que les spécialistes appellent la « négociation sexuelle ».

Second avantage : bien utilisé, le préservatif constitue une gêne très supportable, et surtout, développe une surface de protection des zones génitales bien plus étendue que la traditionnelle capote.

De nombreuses études d’« acceptabilité » sont en cours en Afrique, initiées par les ONG, en étroite collaboration avec ONUSIDA. Mais avant même que les conclusions n’aient été rendues publiques, les personnels médicaux et responsables d’associations chargées de combattre le fléau se disent satisfaits. Une vaste étude réalisée par ONUSIDA en Afrique du sud montre que 84% des femmes interrogées étaient prêtes à utiliser le « Feminon » dans l’avenir.

« J’ai la ferme conviction que le préservatif féminin, en offrant aux femmes la possibilité de maîtriser leurs risques, est appelé à un grand avenir en Afrique », assure le Dr Alliou Sylla de « Arcade Sida », une structure de lutte contre la maladie basée à Bamako (Mali).

Refus des hommes

Toutes les populations féminines sont concernées par ces études : les prostituées, bien sûr, mais aussi les femmes au foyer et les adolescentes. En Afrique sub-saharienne, gouvernements et ONG désignent le refus des hommes d’assurer leur protection et celle de leur(s) partenaire(s) comme une des principales causes de la diffusion vertigineuse du virus VIH.

Mais il y a des mais. Le premier : le préservatif est assez difficile à mettre. Résultat, il nécessite une politique d’information et d’éducation plus longue et plus forte. Ce qui implique des moyens supplémentaires. « Nous ne comprenions pas pourquoi certaines femmes se montraient très satisfaites et d’autres nous ramenaient les boîtes immédiatement, explique Penda Ndiaye du Programme national de lutte contre le Sida (PNLS), situé à Dakar. Il est apparu très rapidement que celles qui l’utilisaient correctement dès la première fois décidaient de l’adopter. Le réflexe inverse consiste, et c’est humain, à rejeter ce qui n’est pas maîtrisé. » La clé de la réussite : « Livrer aux futures utilisatrices une information de qualité afin que le premier rapport protégé se passe bien « .

Autre « mais », et de taille : le coût du préservatif féminin est dix fois plus cher que celui du préservatif masculin. L’équivalent d’environ sept francs français. Les négociations d’ONUSIDA pour se procurer le « Feminon » à bas prix se heurtent au fait qu’une seule usine en fabrique : The Female Health Company de Chicago. C’est – donc – avec ce fabricant qu’a négocié l’organisation internationale en vue de l’achat et de la distribution de 400 000 préservatifs féminins en Afrique et en Asie du Sud-Est. Mais sur ce point aussi, les acteurs de la lutte contre la maladie se montrent optimistes : « Si les études à venir confirment nos convictions, nous trouverons l’argent », assure Alliou Sylla.

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