Enfants scolarisés sans-papiers : Sarkozy annonce 30% de régularisation


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Environ 30% des demandes de régularisations effectuées dans le cadre de la circulaire du 13 juin dernier seront satisfaites, a estimé Nicolas Sarkozy dans une interview accordée ce lundi au Figaro. Le Réseau éducation sans frontières, qui milite pour la régularisation de toutes les familles sans papiers dont un enfant est scolarisé, ne s’en émeut pas et pointe le manque de courage politique du ministre de l’Intérieur, qui ne fait que repousser le problème à la rentrée prochaine.

Ce sera 30%. Nicolas Sarkozy a déclaré lundi au quotidien Le Figaro que la proportion de demandes de régularisations validée dans le cadre de la circulaire du 13 juin dernier « devrait tourner autour de 30% ». Pour établir cette estimation, il s’est basé sur le premier bilan que les préfets de régions et de police lui ont remis, le 15 juillet dernier, et qui recense 580 dossiers acceptés contre 700 refusés. Toujours selon le ministre français de l’Intérieur, 14 000 dossiers ont été enregistrés à ce jour, le chiffre ne devant pas selon lui dépasser les 20 000, au 14 août, date limite fixée pour leur dépôt.

Lundi après-midi, Nicolas Sarkozy a pris la posture de l’homme politique responsable, dur, mais correct, devant la presse réunie à son ministère. Candidat à la présidentielle 2007, il se veut plus ferme que la gauche gouvernante, dont il prétend réparer les largesses passées, et plus humain que l’extrême droite, revendiquant un traitement au cas par cas des situations de chaque famille sans-papiers. La circulaire du 13 juin sur les enfants scolarisés en situation irrégulière et leurs familles « vise à apurer le passif. C’est une parenthèse que je souhaitais ouvrir et refermer cet été », a-t-il affirmé. Cela ne sera pas chose simple.

Pas d’inquiétude

Contraint d’attendre la fin du processus qu’il a lui-même engagé pour expulser les familles comptant un enfant scolarisé, le ministère de l’Intérieur a jeté son dévolu sur les adolescents qui n’entrent pas dans la cadre de la circulaire du 13 juin. Les critères édictés concernent notamment les familles résidant en France depuis au moins deux ans et dont un des enfants, né en France ou qui y réside « depuis qu’il a atteint au plus l’âge de 13 ans », était scolarisé en septembre 2005.

Réseau éducation sans frontières (RESF) n’a pas encore eu de retour sur les motivations des dossiers refusés. L’association, qui milite pour la régularisation de tous les enfants scolarisés et de leurs familles, avait déjà alerté la Place Beauvau sur l’inégalité de traitement des dossiers selon les préfectures, de même que la Cimade (Service oecuménique d’entraide) et la Fédération Protestante de France. Mais Richard Moyon, l’un de ses portes-parole, ne se dit pas très inquiet. Au contraire. « Il y a deux mois, c’était zéro régularisation, ensuite une centaine, aujourd’hui 6 à 7 000… Dans cinq semaines, ça sera dix fois plus », ironise-t-il.

« Pas de courage politique »

Pour le professeur de Châtenay-Malabry, Nicolas Sarkozy n’a simplement « pas le courage politique d’assumer le nombre de régularisations » qu’il devra effectuer et « ne fait que repousser les échéances ». Pour preuve, le ministre de l’Intérieur a annoncé l’enregistrement de 14 000 dossiers. « Or, il ne s’agit pas du nombre de dossiers déposés, mais des dossiers acceptés. Des centaines d’autres ont été redirigés vers d’autres processus de régularisations, comme le regroupement familial (lorsque l’un des parents dispose de la nationalité française) ou la demande d’asile », explique Richard Moyon. Quant aux demandes de régularisations qui ne seraient pas satisfaites, « ils seront scolarisés et on assistera à une multiplication de la mobilisation », promet le porte-parole.

Dès la fin de la conférence de presse accordée par Nicolas Sarkozy, le Parti socialiste a indiqué par sa secrétaire nationale, Delphine Batho, que ses estimations étaient « fantaisistes » et que beaucoup plus de familles allaient être régularisées. De leus côtés, Philippe de Villiers (Mouvement pour la France) et Jean Marie Le Pen (Front national) ont regretté la démarche du ministre de l’Intérieur. Le premier a ironisé, comme Richard Moyon – avec d’autres fins – sur l’augmentation incessante des estimations depuis plusieurs mois. « Encore un effort, et toutes les familles seront régularisées, comme cela était prévisible dès le début », a commenté le président du Front national.

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