En Guinée, l’écologie c’est la protection de la vie humaine


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Ecologie

Le Parti des Ecologistes Guinéens – Les Verts, existe depuis 1992. Presque dix ans de lutte sur le terrain. Pour les Verts, lutter contre la dégradation de l’environnement, c’est insuffisant. La protection de l’environnement passe par la lutte contre la précarité. Les Verts en Guinée : une autre façon de faire de la politique.

 » Le social constitue à 90% la base de l’écologie en Afrique « . Dixit Oumar Sylla, secrétaire général du Parti des Ecologistes Guinéens – Les Verts. Le problème majeur auquel se heurte l’écologie politique en Afrique est bien la pauvreté. Ainsi, dans le programme du parti écologiste guinéen cohabitent la protection des forêts, le combat contre l’insalubrité, la lutte contre la mendicité et le banditisme, la distribution d’eau potable.  » Il faut sortir le peuple de la misère, de la précarité « , clame Oumar Sylla.

Cet ancien militant de la liberté en Afrique (Fédération des étudiants d’Afrique Noire) a créé son parti en 1992.  » Nous étions une quinzaine dans un café de la Neuvième avenue à Conakry lorsque nous avons entendu le président guinéen autoriser les partis. Nous avons alors décidé de créer le nôtre avec le but de protéger l’environnement de notre pays.  » Le Parti des Ecologistes Guinéens est le premier à se faire légaliser après l’ouverture démocratique du pays.

Ecologie sociale

 » L’écologie en Afrique Noire a la même raison sociale qu’en Europe, mais pas les mêmes significations. Nous sommes un parti d’action, nous ne nous cantonnons pas à l’espace de nos bureaux. Il faut donner des exemples « , martèle Oumar Sylla. Le parti organise des meetings au cours desquels il encourage la population à planter des arbres par exemple.  » Nous avons planté plus de 50 000 arbres à Conakry depuis notre création. Nous faisons aussi des actions concrètes comme nettoyer les cimetières. Le plus important est que ces actions soient visibles.  »

Dans ce pays, ravagé par la guerre entre le Libéria et le Sierra-Leone, certaines zones, notamment celles qui se trouvent aux frontières de ces pays, sont dans un état pitoyable du point de vue environnemental. Ainsi, dans la région de Guéckédou, morbidement connue pour ses camps de réfugiés, les arbres ont été rayés de la carte.  » Nous faisons une collecte auprès des gens et avec les cotisations des responsables du parti nous achetons des arbres pour les planter « , explique le président du parti écologiste.

 » Le conflit a déjà fait des milliers de victimes et nous condamnons avec énergie les millions de personnes déplacées. L’environnement est fortement dégradé par cet état de fait. On tue n’importe qui. L’écologie, pour nous, c’est la protection de la vie humaine.  »

Le diamant n’est pas écologique

La Guinée doit faire face à plusieurs problèmes écologiques graves. L’érosion en fait partie.  » Nous encourageons, sensibilisons et éduquons la population pour qu’elle reboise les flancs de montagne, dégradés par les fortes pluies.  » La recherche anarchique de diamants et d’or laisse des trous béants dans le sol, qui ne sont pas reboisés.  » Les gens comprennent que c’est dans leur intérêt de faire renaître un milieu dégradé, mais ils manquent de moyens.  »

Oumar Sylla affirme que 90% de la population du pays épouse la conception politique des Verts guinéens.  » Les autres partis politiques – pas loin de 47, ndlr – nous respectent car ils nous trouvent utiles.  » Mais lorsque l’on évoque le cas de la Guinée-Bissau, qui compte deux écologistes au gouvernement, le ton est sans appel :  » Entrer au gouvernement n’est pas notre but car cela veut dire être muselé. J’estime qu’il faut continuer le combat et pour combattre, il faut être libre. Je ne veux pas aider les fantoches qui sont au pouvoir et qui sont coupables de la détérioration de notre environnement.  »

Après dix ans de lutte, le Parti des écologistes guinéens se juge encore jeune et se veut persévérant. A l’image de son président, qui se présente régulièrement à la députation, sans succès pour l’instant.

Pour aller plus loin : lire notre dossier Les Verts poussent en Afrique

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