Des chants dans les mines


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Le parlement sud-africain vient de voter une loi qui permet la redistribution des gisements par l’Etat au profit des entrepreneurs noirs. Un coup de force réussi, au grand dam des géants de l’industrie minière et pétrolière du pays, pour effacer les séquelles économiques de l’apartheid.

Le 26 juin dernier, les députés de l’African National Congress (ANC) se sont carrément levés à l’annonce du résultat du vote pour danser de joie. Par 243 voix contre 35, la loi sur le développement des ressources minières et pétrolières a été adoptée, au grand dam des géants du secteur. Phumzile Mlambo-Ngcuka, la ministre des Mines et de l’Energie, a gagné son pari : l’Etat aura compétence pour délivrer les licences d’exploitation des minéraux et pourra, surtout, redistribuer les gisements inexploités au profit d’entrepreneurs de couleur. Une révolution qui fait frémir les géants de l’industrie minière et pétrolière.

La mesure vise à mettre fin à la main-mise des exploitants blancs sur les richesses du sol sud-africain, après des années d’apartheid. Tous les professionnels noirs du secteur minier ont fait front commun avec la ministre. Les critiques ont donc eu mauvaise presse. Les grands leaders du secteur, De Beers, Anglogold et Angol Platinum, ont cependant exprimé leurs craintes. De l’avis de leurs dirigeants, le fait que l’Etat puisse s’approprier les gisements à sa guise provoquera la fuite des investisseurs et portera un coup fatal à l’industrie minière. La compagnie De Beers a déjà fait savoir qu’elle pourrait renoncer à un investissement de 8 milliards de rands à la suite de cette loi.

Main de fer et gant de velours

Parallèlement à ce coup de force législatif, le gouvernement a cependant eu la sagesse d’ouvrir des négociations avec les entreprises du secteur. La firme Amplats, qui avait intenté une action en justice pour attaquer l’inconstitutionnalité de la loi, a finalement abandonné ses poursuites après avoir obtenu des garanties sur les licences d’exploitation. L’ANC a également fait savoir que les compagnies expropriées recevraient des compensations.

Cette loi, qui vise, selon le texte, à  » réduire les inégalités héritées du passé « , devrait profondément changer la vie de nombreux travailleurs. L’Afrique du Sud est le plus gros producteur d’or au monde et l’industrie minière emploie plus de 500 000 personnes. Le secteur a longtemps été considéré comme le fer de lance de l’apartheid.  » Si cette mesure est correctement appliquée, elle devrait mettre fin aux abominables conditions que les travailleurs ont dû subir dans le passé « , s’est réjouit Patrick Craven, porte-parole du Syndicat des travailleurs sud-africains (Cosatu), au micro de la BBC. Le gouvernement sud-africain semble déterminé à aller jusqu’au bout de son engagement.

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