Covid-19 au Burundi : que cache l’expulsion des experts de l’OMS ?


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Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur de l'OMS
Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur de l'OMS

Dr Walter Mulombo , représentant de l’Organisation Mondiale de la Santé en poste à Bujumbura, Dr Daniel Parz , expert en biologie moléculaire, Ruhana Mirindi, chargé de la lutte contre les maladies transmissibles et Jean pierre Mulunda, coordonnateur technique de la riposte ont été invités à quitter le Burundi au plus tard ce 15 mai. Cette décision prise par le régime Nkurunziza est contenue dans une note verbale signée par le ministre des Affaires étrangères, ce 12 mai, en début de soirée.

En effet, dans ladite note, le gouvernement burundais n’a mentionné aucune cause ayant motivé cette prise de décision. Cette situation suscite déjà de nombreux questionnements sur la vraie motivation de cette décision alors que le nombre de cas confirmés de Covid-19 ne cesse d’augmenter dans ce pays.

Cette expulsion vient-elle confirmer les nombreuses critiques sur « la légèreté » observée dans la gestion du Covid-19 par le régime Nkurunziza ? Rien n’est moins sûr. C’est depuis le 1er avril dernier que le Dr Thadée Ndikuman, ministre burundais de la Santé, a annoncé la confirmation de deux premiers cas de Covid-19. Face au danger que représente cette maladie, des organisations de la société civile de la place ont plaidé pour la prise des mesures drastiques, dont le confinement, afin de limiter la propagation de cette maladie.

Recommandations qui n’ont jamais été pris en compte par le régime en place

Ces recommandations et tant d’autres n’ont jamais été pris en compte par le régime en place sous prétexte que le gouvernement burundais n’envisage pas le confinement dans son plan de riposte. « Même pour les pays riches où il y a eu confinement, ils sont en train de revoir cette mesure puisqu’il n’y a pas de traitement curatif ni de vaccin connu. Il serait difficile de confiner les gens », avait déclaré le Dr Thadée, dans une communication à la presse burundaise.

Avec l’évolution de la pandémie, des organisations de défense des Droits de l’Homme dont Human Rights Watch ont haussé le ton, décriant à leur tour une certaine « légèreté » avec laquelle le gouvernement burundais gère les questions relatives à cette maladie. « L’absence de communication d’informations factuelles sur la gravité, la contagiosité de ce virus et les défis qu’il présente, conforme aux stratégies de déni et de contournement dont fait habituellement preuve le Burundi dans la gestion de crise, ne tient pas compte des leçons douloureuses tirées de la pandémie ailleurs dans le monde(…) les autorités burundaises devraient être transparentes et travailler avec les partenaires internationaux », avait déclaré Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique Centrale à Human RightsWatch .

Que reproche-t-on aux experts de l’OMS ?

Si la note ne mentionne aucune cause qui a influencé la prise de cette décision, des observateurs se questionnent déjà sur les vraies motivations d’une telle décision qui marque un nouveau tournant dans les relations entre ce pays et l’Organisation des Nations-Unies.

La prise de cette décision serait l’aboutissement de plusieurs tentatives d’expulsion de l’équipe de l’Organisation Mondiale de la Santé par le pouvoir en place. Il y a un mois, le régime Nkurunzinza a tenté le même exercice reprochant au Dr Walter Mulombo d’immixtion dans la gestion de la pandémie. Cette immixtion se traduirait par les nombreux rappels à l’ordre de l’organisation onusienne au régime en place face à la gestion de la pandémie « décrié » par des observateurs.

Par ailleurs, si d’autres voient dans cette expulsion une manière pour le régime en place de s’assumer face aux nombreuses critiques et rappel à l’ordre, comme l’avait dit le Dr Thaddée : « chaque pays a sa propre expérience, il n’y a  pas de recommandation internationale », le moins que l’on puisse dire est que le Burundi figure sur la liste fermée des pays les moins touchés par la pandémie en Afrique.

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