Côte d’Ivoire : vers la guerre civile


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L’Onu soupçonne Laurent Gbagbo de vouloir reconstituer son aviation de guerre. Des soupçons d’acquisition d’armes pèsent également sur le camp Ouattara. Les violences postélectorales qui ont débuté à Abidjan s’étendent dans d’autres localités du pays. Les Nations unies redoutent un retour de la guerre civile.

Le spectre de la guerre civile plane à nouveau sur la Côte d’Ivoire. Le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a appelé lundi à une réunion d’urgence alors que les violences postélectorales entamées en décembre à Abidjan s’étendent à l’ouest du pays. L’appel de Ban Ki-Moon intervient alors que le président sortant, Laurent Gbagbo, réceptionnerait, en dépit de l’embargo sur les armes qui frappe la Côte d’Ivoire depuis sept ans, trois hélicoptères d’attaque et du matériel d’appui pour les soldats. Son fournisseur serait le Belarus, un pays d’Europe de l’est. Selon l’entourage de Ban Ki-moon, une partie de ce matériel de guerre est arrivée dimanche par avion en Côte d’Ivoire tandis que d’autres livraisons sont prévues lundi. « Il s’agit d’une grave violation de l’embargo contre la Côte d’Ivoire qui est en vigueur depuis 2004 » a indiqué le secrétaire général de l’Onu. Ban Ki-moon a prévenu le fournisseur et l’acquéreur de l’armement que des « des mesures appropriées seront prises en réponse à cette violation » de l’embargo.

Selon RFI, le camp Gbagbo aurait démenti l’information. Mais si celle-ci était avérée, elle signifierait que Laurent Gbagbo souhaiterait reconstituer son aviation de chasse qui avait été détruite par les soldats français de l’opération Licorne en 2004. RFI qui cite des sources indépendantes, explique que les deux camps se sont lancés dans une course à l’armement. «Dans les faits, les deux forces militaires en présence s’arment, tout le monde se prépare à une confrontation directe mais personne ne veut le reconnaître », lit-on sur le portail.

« Commando invisible », vraie bataille urbaine

En attendant, les accrochages se multiplient dans le pays. Samedi à Abobo, quartier considéré comme le fief d’Alassane Ouattara au nord d’Abidjan, les combats ont repris entre les Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à Laurent Gbagbo et des combattants qui depuis janvier les harcèlent. Ces combats auraient fait plusieurs morts. Ils ont également endommagé le centre émetteur de la télévision publique RTI, aux mains de Laurent Gbagbo, entraînant une coupure du signal dans la région d’Abidjan. La panne aurait depuis été réparée.
Pour le camp Gbagbo, ces « rebelles » surnommés «commando invisible» par une partie de la presse ivoirienne et qui sont armés de kalachnikov et de lance-roquettes seraient des éléments infiltrés des Forces nouvelles (FN), l’ancienne rébellion dont Guillaume Soro, actuellement Premier ministre du gouvernement Ouattara, était le Secrétaire général. Le camp Ouattara a toutefois démenti toute implication dans les combats.

L’Onuci dans la ligne de mire des « Jeunes patriotes »

La semaine dernière, d’autres accrochages avaient été signalés à Yamoussoukro, dans l’Ouest du pays. Dans ce contexte, l’Onu redoute un embrasement général, qui précipiterait le pays dans la guerre civile. Une situation à laquelle l’organisation pourrait difficilement faire face. La mission de l’Onu en Côte d’Ivoire (Onuci) accuse en effet le camp Gbagbo d’entraver son action. Dimanche, l’Onuci a indiqué que trois Casques bleus ont été blessés dans une embuscade perpétrée la veille dans la commune d`Abobo. Vendredi, lors d’un meeting qui a rassemblé près de 3000 personnes à Yopougon (ouest d’Abidjan), Charles Blé Goudé, le chef du « Mouvement des jeunes patriotes » favorable à Laurent Gbagbo, avait appelé ses troupes à gêner les déplacements des casques bleus dans le pays. « Je demande à la jeunesse de Côte d’Ivoire de s’organiser en comités pour empêcher l’Onuci de circuler par tous les moyens (…) Aujourd’hui ce ne sont pas les rebelles qui nous font la guerre, c’est l’Onuci qui nous la fait », avait-il déclaré. Il leur avait suggéré de créer des « comités d’autodéfense dans les quartiers », sans toutefois « tomber dans le piège de la guerre civile ». La veille dans un communiqué publié à l’issue d’un conseil de ministre, le gouvernement Gbagbo avait accusé l’Onuci d’être complice des rebelles, dont elle favoriserait l’infiltration dans les quartiers d’Abidjan. Une accusation démentie par Ban Ki-moom qui a exigé la « cessation immédiate de ces menaces ».

Le panel de chefs d’Etat mandatés par l’Union africaine pour trouver des « solutions contraignante » sortie de crise devrait faire ses propositions cette semaine. Selon NouvelObs, les quatre présidents, Jacob Zuma (Afrique du Sud), Idriss Deby Itno (Tchad), Jikaya Kikwete (Tanzanie) et Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), proposeraient soit un partage du pouvoir, soit la mise en place d’un gouvernement d’intérim jusqu’à de nouvelles élections. Leur mission est unanimement considérée comme celle de la dernière chance.

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