Côte d’Ivoire: les producteurs de cacao en colère


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Des producteurs de la filière café-cacao de Côte d’Ivoire ont procédé ce matin a la destruction par le feu de plusieurs sacs de cacao devant le siège de l’Union européenne, à Abidjan- Plateau. Cette initiative, annoncée depuis quelques jours, fait suite à l’interdiction d’exportation du café et cacao de Côte d’Ivoire. Une sanction prise par Alassane Ouattara, proclamé président élu par la Commission électorale indépendante, pour forcer son rival Laurent Gbagbo, reconnu par le Conseil Constitutionnel, à céder le pouvoir.

De notre correspondante

Une dizaine de sacs de cacao ont été brûlés en fin de matinée, ce jeudi, devant les locaux de l’Union européenne à Abidjan. Avec à leur tête le doyen Bléhoué Aka, président du Conseil des sages de la filière, les producteurs de café-caco ont dit leur ras-le-bol de cette situation qui ne leur profite pas. Ils ont menacé d’en faire de même de tout le stock de café-cacao de la dernière campagne plutôt que de voir leur production « pourrir » dans les magasins ou ils sont stockés depuis l’embargo décrété par le Dr Alassane Ouattara.

Suite à l’interdiction d’exportation de ces deux produits par le président reconnu par la Commission électorale et la majorité de la communauté internationale, les multinationales, leurs principaux acquéreurs, ont gelé leurs activités et l’Union européenne a mis un embargo sur les exportations. L’UE a en effet demandé aux navires européens de ne plus accoster dans les ports d’Abidjan et San Pedro.

Les producteurs avaient déjà demandé il y a deux jours la levée des sanctions européenne, avançant que la crise post-électorale n’était pas du fait des planteurs de café-cacao. « S’ils veulent pas, les Chinois vont venir acheter. Parce qu’on en a marre de l’Union européenne. On lui donne une semaine, et si ce n’est pas ouvert on va venir décharger tout le cacao devant son bureau. Nous on a pas de problème en brousse. On peut le conserver pendant un an ou deux, ça ne nous gêne pas. C’est fini l’esclavage ! », avait alors menacé Sansan Kouao, planteur de café-cacao et ami de longue date du Président Laurent Gbagbo .

Des conséquences d’un embargo de longue durée

Dans cet environnement critique, certains planteurs arrivent toutefois à vendre leur production, par des chemins détournés, mais à prix réduit. D’autres ne cachent pas leur crainte en ce qui concerne l’avenir des produits. «Je vais bruler mes productions. Parce que vu tout le travail abattu j’ai du mal à céder mes productions à des prix défiant toute concurrence», confie Zabi Youan, planteur à Bahoulifla dans la sous-préfecture de Vavoua.

L’agriculture est le socle des richesses ivoiriennes. Et la filière café-cacao, au cœur de l’économie, génère environ 40% des recettes d’exportation de Côte d’Ivoire. Selon certains acteurs de la filière, un embargo de longue durée serait une catastrophe économique et sociale pour le pays tandis que d’autres pensent que contre toute attente l’embargo pourrait aussi être bénéfique aux planteurs, en augmentant le prix des productions après sa levée. Et cela, face à une demande accrue de cacao ivoirien, de bonne qualité, sur le marché.

En attendant la date du 21 février, à laquelle le panel des chefs d’Etat de l’Union africaine donnera ses conclusions sur la crise post-électorale, une partie de la production est actuellement écoulée via le Ghana, et dans les pays de l’Hinterland que sont le Burkina Faso et le Mali.

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