Côte d’Ivoire: Koulibaly quitte le navire Gbagbo


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Une annonce de mauvaise augure pour le Front populaire Ivoirien (FPI), le parti de l’ex-président, Laurent Gbagbo. Son chef par intérim et président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly a démissionné lundi et annoncé avoir créé son propre parti politique, Liberté et démocratie pour la République (Lider). La déclaration a suscité des réactions en Côte d’Ivoire. Revue de presse.

Mamadou Koulibaly a tourné la page du Front populaire ivoirien (FPI). Le chef par intérim du parti du président déchu Laurent Gbagbo, a annoncé lundi qu’il quittait sa formation politique. « Mon engagement au sein du FPI étant allé jusqu’à l’épuisement de toutes les possibilités compatibles avec mes convictions, j’ai décidé d’y mettre un terme », a déclaré devant la presse Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale. Dans la foulée, l’universitaire et économiste de 54 ans a annoncé la création de son propre parti politique. Il entend faire de cette nouvelle formation une « opposition forte » au « pouvoir présidentialiste absolu » du chef de l’Etat Alassane Ouattara. Si sa défection n’a pas été une surprise au sein du FPI et ailleurs, elle a néanmoins été largement commentée ce mardi par la presse ivoirienne et des responsables politiques.

Une démission sans surprise

Mamadou Koulibaly, un « indiscipliné » au FPI. Pour le quotidien Ivoirien l’inter, c’est sans surprise que « l’enfant de la famille, jaloux de sa liberté, qui n’a jamais voulu s’obliger à se soumettre au dogmatisme que requiert parfois le militantisme politique » a « enfin, osé franchir le rubicond pour rompre les amarres avec ses anciens camarades de parti ». Dans un article paru ce mardi intitulé «Du FPI à LIDER-Mamadou Koulibaly», les vraies raisons d’un départ, le journal affirme que pour ses partisans, le député de Koumassi est « un camarade indiscipliné pour ses positions souvent aux antipodes de la ligne directrice arrêtée par sa famille politique ». Pour le quotidien, «l’actuel chef du Parlement ivoirien, qui préparait ce moment (le départ) depuis longtemps dans l’ombre», veut « capitaliser son étoffe d’homme d’Etat au Parlement » et passer « pour un dirigeant rigoureux ». L’Inter entrevoit déjà l’intellectuel de 54 ans comme le « farouche adversaire » de Alassane Ouattara à la présidentielle de 2015.

Plus surpris par la démission publique lundi de Mamadou Koulibaly « qu’il a lu, comme tout le monde», Miaka Ouretto, le nouveau secrétaire du FPI a déclaré ce mardi au journal Nord-Sud que son prédécesseur « avait plusieurs fois lancé, comme ça, qu’il allait créer son parti ». « Nous avons pris cela pour de la plaisanterie. Et nous avons essayé de le dissuader», a affirmé Miaka Ouretto qui juge la décision de son ancien allié « regrettable ».

Pour Coffi Michel Benoit, secrétaire général adjoint du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), la démission de Mamadou Koulibaly aurait « dû survenir après la crise qu’il a eue avec feu, le ministre Désiré Tagro », décédé au moment de l’arrestation de Laurent Gbagbo, le 11 avril. Dans Le nouveau réveil, le responsable du Pdci s’interroge sur la crédibilité de cette défection. « A supposer que Gbagbo était sorti vainqueur de cette élection présidentielle, est-ce que Mamadou Koulibaly aurait démissionné ? Maintenant qu’il a le devoir de relever son parti, est-ce la bonne façon de partir ? Peut-être », affirme Coffi Michel Benoit. Cette décision « démontre chaque jour que loin de Gbagbo la vie lui(FPI) est impossible ». Il souhaite « bon vent » au Lider et espère que le nouveau parti du président de l’assemblée nationale « contribuera positivement à l’avancée des débats ».

L’avenir du FPI en péril

La démission du président de l’Assemblée nationale met en péril l’avenir du parti de l’ex-président ivoirien. Le journal pro-Gbagbo, Le patriote, titre, pour sa part, Démission de Koulibaly : Première grosse défection après la chute de Gbagbo. « Il se trouvera des personnes pour banaliser, minimiser ou à la limite, tourner en dérision, le départ de Mamadou Koulibaly du FPI. Mais la vérité, c’est qu’avec son geste, il crée un vide et désarticule son désormais ex-parti politique », débute l’article qui justifie le départ du leader du FPI par des dérives au sein de sa formation politique. « Dans des courriers ou lettres ouvertes, il a crié sa colère et demandé à ses camarades de revenir aux idéaux vrais du socialisme prôné par Gbagbo dans l’opposition ». Présenté par le quotidien comme une personne porteuse d’idées et « réaliste », Mamdou Koulibaly va certainement provoquer d’autres défections des responsables du parti de l’ex-président Laurent Gbagbo « qui attendaient qu’il fasse le premier pas », conclut le Patriote.

Dans une telle éventualité, le journal Nord-Sud estime dans un article intitulé Quel avenir pour le FPI que « sans leader charismatique dehors, capable de conduire les troupes, le FPI et ses militants courent le risque de végéter longtemps. ». Le quotidien affirme que « dans un tel scénario, l’ancien parti au pouvoir pourrait flirter avec sa désagrégation voire sa disparition de la scène politique ».

Le nouveau réveil estime qu’une « saignée commence » avec la démission de Mamadou Koulibaly. Un « séisme à forte magnitude » au sein de l’ancien parti présidentiel noyé dans « le culte de ses fondateurs et muré dans le désordre et l’idolâtrie », écrit le journal. Le quotidien estime de sources sûres que « Mamadou Koulibaly ne part pas seul ». D’autres responsables du FPI seraient prêts à « préparer le divorce », selon le journal. « Le FPI de Laurent Gbagbo pourra-t-il lui survivre ? Koné Katina, Lazare Koffi Koffi, Blé Goudé et les autres pourront-ils sauver le FPI du naufrage? », conclut le quotidien sur cette interrogation.

Le départ de Mamadou Koulibaly prive la Côte d’Ivoire et le président Alassane Ouattara d’un « véritable contre-pouvoir » pour Le patriote. Dans un article intitulé : «Front populaire ivoirien : Y’a rien en face…Hélas!», le journal écrit que « Le FPI de Laurent Gbagbo déjà très affaibli au lendemain du 11 avril, le sera davantage avec le départ de Mamadou Koulibaly. «Que représentera le Lider de ce dernier (Mamdou Koulibaly)? interroge le journal. « Un parti politique, ce n’est pas uniquement un assemblage d’intellectuels beaux-parleurs », écrit Le Patriote. Et le quotidien de conclure : « Koulibaly est donc parti. Il est parti avec l’espoir d’un réel contre-pouvoir. Quel dommage ».

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