Côte d’Ivoire : le nouveau programme pour la paix


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Le président ivoirien et le chef de la rébellion du Nord ont signé, dimanche, au Burkina Faso, un accord qui doit permettre au pays d’être réunifié d’ici dix mois. Au programme, la formation d’un nouveau gouvernement, la préparation des élections, le retrait progressif des forces onusienne et française et la création d’une nouvelle armée.

L’accord conclu est-il celui qui scellera la paix en Côte d’Ivoire ? Une nouvelle perspective s’ouvre peut-être pour le pays, coupé en deux depuis la tentative de coup d’Etat de 2002. Le président Laurent Gbagbo et le chef de la rébellion du Nord Guillaume Soro ont signé, dimanche, au Burkina Faso, « l’accord politique de Ouagadougou ». Après un mois de discussions, sous la médiation du chef de l’Etat burkinabè Blaise Compaoré, les deux camps sont finalement tombés d’accord.

Soro premier ministre ?

Parmi les grandes mesures prévues par le texte, on note la formation d’un nouveau gouvernement d’ici quatre à cinq semaines. Rien n’est certain concernant le sort réservé à Charles Konan Banny, l’actuel premier ministre, nommé fin 2005 à la tête d’un gouvernement d’unité nationale. En revanche, la BBC rapporte que des rumeurs laissent à penser qu’on a offert à Guillaume Soro le portefeuille de Premier ministre.

La préparation des élections, qui doivent se tenir d’ici dix mois, est également au cœur de « l’accord de paix », comme le surnomme le président Gbagbo. Dans ce cadre, le processus d’identification, qui avait tant divisé les deux parties, reprendra afin de donner des papiers d’identité aux millions d’Ivoiriens qui en sont dépourvus.

Fin de la « zone de confiance »

Sur le terrain militaire, les quelque 7 000 casques bleus des Nations Unies et 3 500 hommes de l’opération française Licorne quitteront progressivement le territoire ivoirien. Leur « nombre sera réduit de moitié tous les deux mois jusqu’à leur retrait total », indique l’accord. De quoi soulager la France, qui, comme a précisé la ministre déléguée chargée de la Coopération, est « très » engagée dans le pays.

Un engagement qui « représente un coût important pour le contribuable français », a précisé au quotidien Le Patriote à Brigitte Girardin, en visite en Côte d’Ivoire. Il faut dire que Licorne est sa force basée à l’étranger la plus importante et la plus coûteuse : elle reviendrait à 250 millions d’euros par an.

Il sera en outre question de supprimer « la zone de confiance », démilitarisée, où les forces impartiales avaient pour mission d’éviter les affrontements Nord-Sud. Cette zone, qui s’étend d’Ouest en Est, sera « remplacée par une ligne verte » ponctuée de « postes d’observation » que tiendront les militaires onusiens et français jusqu’à leur départ. Quant à l’armée nationale, elle devrait intégrer d’ici deux semaines les ex-rebelles, ce qui figurait parmi leurs principales exigences.

Résoudre la crise entre Ivoiriens

Pour s’assurer du respect de l’accord, le texte prévoit la mise en place d’un Cadre permanent de concertation, composé des divers ténors politiques du pays : Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, l’ancien premier ministre et leader d’opposition Alassane Ouattara, l’ancien président Henri Konan Bédié et le chef de l’Etat burkinabè Blaise Compaoré. Cet accord semble, pour certains, être le bon, après une série de textes signés mais non appliqués. La différence de ce texte tiendrait au fait que Laurent Gbagbo et Guillaume Soro aient été directement impliqués dans les pourparlers.

Les principaux acteurs de la crise paraissent en effet résolus à en finir. « C’est le temps de la paix qui est arrivé, parce que les armes ne peuvent plus avancer, les armes ne peuvent plus parler, les armes ne peuvent plus faire avancer quelqu’un. C’est cela qu’il faut comprendre, et c’est pourquoi cet accord est plus important que ceux qui ont été signés avant. Puisqu’il est signé à un moment où réellement chacune des parties attendait un accord », a déclaré Laurent Gbagbo au quotidien Fraternité Matin. « Je voudrais dire que la paix est fortement possible en Côte d’Ivoire. Et les Forces nouvelles, par ma voix, s’engagent à appliquer l’accord qui a été signé dans un esprit de réconciliation, dans un esprit de paix », a pour sa part fait valoir Guillaume Soro, d’après les propos recueillis par RFI. Si tout se déroule bien, la Côte d’Ivoire ne sera plus divisée dans dix mois.

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