Côte d’Ivoire : le calme avant la tempête ?


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Les discussions se poursuivent entre le Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro, et le président Laurent Gbgagbo, jeudi, dans la capitale politique Yamossoukro. Les deux hommes doivent rendre publique la liste des noms des ministres du nouveau cabinet, suite à la dissolution du gouvernement et de la Commission électorale indépendante décidée vendredi par le chef de l’Etat. Pour l’heure, si le calme semble être revenu à Abidjan, dans d’autres régions du pays, les manifestations continuent.

« La Côte d’Ivoire connait une relative accalmie », note Joseph Atoumgbré, journaliste au quotidien le Temps, un média proche du Front populaire ivoirien (FPI), le parti du président Laurent Gbagbo. « A Abidjan, la capitale ivoirienne, un important dispositif de sécurité a été mis en place ce jeudi et des chars ont été stationnés dans les endroits stratégiques », poursuit-il. Un dispositif qui aurait empêché des militants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), de rejoindre ce jeudi l’antenne locale de leur mouvement située dans le quartier administratif du Plateau.

Si, à Abidjan, le calme semble être revenu. Ce n’est pas le cas dans les autres régions du pays. A Bouaké (centre, le fief de l’ex-rébellion des FN), plus d’un millier de personnes ont barré la route qui traverse la ville à l’aide de pneus et de morceaux de bois. Plusieurs commerces auraient été saccagés. Selon des témoins, des affrontements se seraient également produits à Sakassou au centre de la Côte d’Ivoire. « Les petites localités sont plus exposées aux échauffourées car il n’y a pas assez d’agents de sécurité présents sur place », commente Joseph Atoumgbré.

A Abidjan, la veille, des manifestations avaient blessé deux personnes dont, d’après nos informations, un enfant de 12 ans. Dans le quartier de Koumassi, situé au sud de la ville, quelques dizaines de jeunes de l’opposition avaient bloqué les routes, mis le feu à des pneus et déversé des ordures sur les voies, avant que la police disperse la foule et procède à l’interpellation de dix d’entre eux.

Pour l’heure, les auteurs présumés de ces attaques sont détenus dans la préfecture de police et devaient être auditionnés dans le courant de la journée. Dans le quartier de Marcory et de Treichville, même scénario, des bus auraient été endommagés et un manifestant « tailladé à la machette ». «J’ai été pris à partie par des jeunes (des militants du FPI) qui m’accusent d’être de ceux qui veulent enlever Gbagbo du pouvoir », a confié la victime, Ange Olivier Koré, au quotidien d’opposition ivoirien, Le Patriote.

Gouvernement : 14 membres issus du FPI, 11 du FN

Ces manifestations ne semblent pas perturber la population. « A Abidjan, les rassemblements sont sporadiques et regroupent peu de personnes », note JMK Haoussou, le directeur de publication du quotidien d’opposition Soir Info. « Les gens pensent plus à leurs problèmes existentielles : l’augmentation du prix des transports, la hausse du coût des produits de première nécessité », ajoute-t-il. Les Ivoiriens semblent être dans l’attente. Après plusieurs reports, le Premier ministre, Guillaume Soro, devrait rendre publique ce jeudi la liste des noms des 25 ministres. D’après nos sources, il semblerait que 14 membres du gouvernement soient issus du FPI et 11 des Forces nouvelles. Ce nouveau gouvernement sera chargé de mener à bien le scrutin présidentiel.

Depuis l’annonce de la dissolution du gouvernement et de la commission électorale indépendante (CEI), décidée vendredi par le président ivoirien Laurent Gbagbo, la tension est montée dans le pays. Le camp présidentiel, qui a dénoncé des « actes de sabotage » après les manifestations organisées ces derniers jours par l’opposition, espère par cette décision reporter une fois de plus les présidentielles, initialement prévues en 2005.

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