Côte d’Ivoire : l’Union africaine a échoué


Lecture 4 min.
arton21777

Le médiateur de l’Union africaine, le Premier ministre kényan Raila Odinga, a reconnu mercredi matin que la médiation qu’il menait en Côte d’Ivoire n’a servi à rien. Laurent Gbagbo n’a pas accepté de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara comme l’exigeait l’UA. Accompagné d’une délégation de la Cédéao, le président burkinabè, Blaise Compaoré est venue à Paris pour discuter avec Nicolas Sarkozy du dossier ivoirien. Pendant ce temps, la situation humanitaire dans le pays préoccupe l’Onu.

La médiation de l’Union africaine en Côte d’Ivoire a pris fin ce mercredi sur un constat d’échec, pendant que la situation humanitaire se dégrade dans le pays. « Malgré des discussions approfondies avec M. Laurent Gbagbo et avec le président élu Alassane Ouattara, qui se sont prolongées très tard dans la nuit, j’ai le regret d’annoncer que les progrès requis ne se sont pas matérialisés », a déclaré mercredi matin Raila Odinga, le médiateur de l’UA et Premier ministre kényan en quittant Abidjan, où il était arrivé lundi. Le médiateur qui avait proposé une discussion directe entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, les deux présidents proclamés de la Côte d’Ivoire, a pointé un doigt accusateur sur le premier, qui selon lui n’a pas tenu ses promesses, notamment celle de lever le blocus autour de son rival Alassane Ouattara, confiné depuis plus d’un moins avec ses partisans à l’hôtel du Golf d’Abidjan, son QG électoral.

« L’un des objectifs principaux de ma mission était de convaincre M. Gbagbo d’accepter que la question de (son maintien à la) présidence figure à l’ordre du jour des discussions. De plus, il était impératif que le blocus de l’hôtel du Golf soit levé », a indiqué M. Odinga, avant de poursuivre : « Monsieur Gbagbo m’avait donné l’assurance que ce blocus serait levé hier mais, pour la deuxième fois en quinze jours, il n’a pas tenu sa promesse.» Avant de partir d’Abidjan sur un constat d’échec de ses deux missions dont la première avait été menée en janvier, Raila Odinga a toutefois exhorté les parties ivoiriennes à tout faire pour éviter la poursuite du statut quo actuel « qui nécessiterait des sanctions économiques et financières supplémentaires, et, peut-être, un recours à la force». « Le temps est compté », a-t-il précisé.

Un axe Paris-Bamako en cours ?

Pendant ce temps à Paris et à Bamako, on continue de plancher sur les stratégies de sortie de crise en Côte d’Ivoire. Mardi, le président français, Nicolas Sarkozy, a reçu en audience son homologue burkinabè Blaise Compaoré, qu’accompagnait une délégation de la Cédéao. L’entretien entre les deux chefs d’Etats qui a duré 45 minutes a été consacré au dossier ivoirien. Au même moment à Bamako au Mali, les chefs d’état-major des pays de la Cédéao examinaient la même affaire. Blaise Compaoré, qui avait assuré la médiation en Côte d’Ivoire avant les élections, a toutefois expliqué que l’option militaire pour faire partir Laurent Gbagbo n’était pas à l’ordre du jour, assurant qu’il était défavorable à une telle solution. «Les chefs d’Etat de la Cédéao se sont accordés aussi sur la nécessité d’envisager des mesures afin de rétablir l’ordre constitutionnel. Mais pour l’instant nous ne souhaitons pas cela pour la Côte d’Ivoire», a-t-il déclaré.

Situation humanitaire préoccupante en Côte d’Ivoire

De son côté, l’Onu a tiré la sonnette d’alarme sur la situation humanitaire dans le pays. Mardi, le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a lancé deux appels d’un montants de plus de 80 millions de dollars auprès des bailleurs de fonds, pour faire face « aux actuels et aux potentiels besoins humanitaires», a expliqué la porte-parole d’OCHA, Elisabeth Byrs, lors d’une conférence de presse à Genève en Suisse. A l’en croire, le premier appel concerne « un plan d’action humanitaire d’urgence pour la Côte d’Ivoire et quatre pays, Guinée, Burkina Faso, Mali et Ghana qui s’élève à 32,7 millions de dollars ».

Deux millions de personnes, a-t-elle expliqué, seraient en situation d’urgence en Côte d’Ivoire, pendant que les pays limitrophes devront faire face à un flux de quelques 100 000 réfugiés. D’un montant de 55 millions de dollars, le second appel doit permettre d’aider le Liberia à faire face à l’afflux des réfugiés ivoiriens. Selon les estimations du Haut commissariat pour les réfugiés, en moyenne 600 personnes quittent chaque jour la Côte d’Ivoire pour le Libéria. Quelques 30 000 Ivoiriens s’y seraient ainsi déjà réfugiés.

Pour sa part, le Programme alimentaire mondial prévoit de distribuer de l’aide alimentaire à plus de 60 000 personnes dans ce pays. Enfin, l’Unicef a annoncé avoir déjà distribué 20 tonnes de vivres aux populations dans le besoin, dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire, et prépare une campagne de vaccination contre la fièvre jaune qui a déjà fait plusieurs morts depuis la fin de l’année dernière.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News