Côte d’Ivoire : Gbagbo entre la carotte et le bâton


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Les médiateurs de la crise ivoirienne assurent que le Laurent Gbagbo sera « amnistié » s’il quitte pacifiquement le pouvoir. Les Etats-Unis sont prêts à lui offrir asile. L’option d’une intervention armée pour déloger le président sortant reste cependant sur la table. Elle « peut aussi être considérée comme un moyen de résoudre de façon durable la crise en Côte d’Ivoire », affirme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest(Cédéao).

Pour convaincre Laurent Gbagbo de céder le pouvoir, la communauté internationale souffle le chaud et le froid. Après les Etats-Unis qui ont annoncé lui offrir asile lundi, le médiateur de l’Union africaine dans la crise qui traverse actuellement la Côte d’Ivoire, le Premier ministre kényan Raila Odinga, a indiqué à son tour mercredi que le président sortant bénéficierait d’une amnistie s’il consentait à quitter le pouvoir. « Il y aura une amnistie pour lui dans le sens où il ne sera pas poursuivi ou persécuté. Et dans le cas où il déciderait de rester dans le pays, il serait autorisé à vaquer à ses occupations normalement », a-t-il déclaré à son retour à Nairobi après une mission menée mardi à Abidjan avec les présidents du Bénin, de Sierra-Leone et du Cap-Vert. Raila Odinga avait proposé deux semaines auparavant de « déloger Gbagbo par la force ». Une option qui reste toujours sur la table. « Si l’exploitation de la voie pacifique est infructueuse, alors l’option militaire peut aussi être considérée comme un moyen de résoudre de façon durable la crise en Côte d’Ivoire », a déclaré à l’AFP James Victor Gbeho, président de la Commission de la Cédéao, lors de sa mission à Abidjan mardi.

Quartier général de Ouattara toujours bloqué

Les médiateurs avaient aussi annoncé que Laurent Gbagbo s’était engagé à lever sur-le-champ le blocus du Golf hôtel d’Abidjan, qui sert de quartier général à son rival Alassane Ouattara, président reconnu par la communauté internationale. Mais mercredi matin, les barrages installés par les Forces de défense et de sécurité (FDS, proche de Laurent Gbagbo) sur la route de l’hôtel étaient toujours en place, ont rapporté les journalistes présents sur place. Alcide Djédjé, le ministre des Affaires étrangères de Laurent Gbagbo, a mis un bémol à cet engagement mercredi. Le blocus ne sera levé que si les ex-rebelles des Forces Nouvelles qui s’y trouvent vont à Bouaké (fief des FN), a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse. La sécurité du Golf Hôtel est actuellement assurée par des éléments des FN favorables à Ouattara, ainsi que par 800 Casques bleus.

Dans une interview accordée à France24 mercredi, Alassane Ouattara a indiqué préférer une « solution pacifique » à la crise en Côte d’Ivoire, assurant que « les risques de guerre civile n’existent point du tout ». Mais cela ne veut pas dire qu’il renonce à la force. Le président soutenu par la communauté internationale a en effet invité son rival Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir sans délai s’il souhaitait éviter « une action militaire ». Il a aussi tenu à rassurer la population sur le fait que « si la force est utilisée en Côte d’Ivoire, ce sera pour enlever Laurent Gbagbo, ce ne sera pas une force contre les Ivoiriens ou contre la Côte d’Ivoire ».

L’Onuci se dit victime d’une campagne médiatique

L’Opération des Nations unies en Côte d`Ivoire (Onuci) a de son côté réclamé « l’arrêt immédiat » d’une campagne médiatique qui serait menée à son encontre par le camp Gbagbo. « Cette campagne doit avoir été planifiée au plus niveau du camp du président Gbagbo », accuse l’Onuci dans un communiqué. L’organisation dénonce les critiques répétées du camp Gbagbo qui l’accuse d’être partiale. Elle s’élève aussi contre la diffusion « sans arrêt » par la RTI (télévision d’Etat) des images de deux personnes « présentées » comme victimes de tirs d’une patrouille de l’Onuci à Abobo. L’organisation dément formellement avoir ouvert le feu sur une foule hostile.

La peur que cette crise dégénère en guerre civile pousse de nombreux Ivoiriens à quitter le pays. Selon le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), quelque 22 000 personnes ont fui au Liberia, en majorité des femmes et des enfants.

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