Comores : chronique d’un débarquement annoncé sur l’île d’Anjouan


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L’Union Africaine a annoncé le débarquement imminent de ses troupes, lundi, sur le sol comorien de l’île d’Anjouan pour contrer Mohamed Bacar. Le président, contesté depuis les dernières élections en 2007, ne veut pas quitter le pouvoir. La communauté internationale soutient le gouvernement d’union des Comores mais l’information pourrait bien être, une fois de plus, une tentative d’intimidation. Ultime tentative ?

Les troupes de l’Union Africaine s’apprêtent à débarquer sur Anjouan, l’une des quatre îles de l’archipel des Comores. Au total, 1500 soldats, tanzaniens, soudanais et sénégalais, devraient se déployer sur le territoire d’ici le 15 mars. « Une partie des troupes est déjà en route, dans les prochaines 24h, il y aura 300 militaires en provenance du Soudan et 200 en provenance de la Tanzanie sur l’île d’Anjouan » déclarait ce matin, sur RFI, le Porte-parole du gouvernement fédéral comorien à Moroni, Abdourahim Said Bakar.

Présidée par le très contesté Mohamed Bacar, Anjouan est en proie à un conflit diplomatique depuis les élections de juin 2007. Les îles d’Anjouan, Grande Comore et Mohéli ont chacune un gouvernement autonome, mais elles sont soumises à l’autorité du Gouvernement de l’Union des Comores. La régularité de la campagne électorale sur Anjouan est contestée par ce gouvernement et par l’Union Africaine qui reprochent notamment au président Mohamed Bacar d’avoir intimidé son électorat. Les deux instances décident alors de reporter les élections, mais le président passe outre l’injonction et organise le scrutin. Il remporte les élections avec 90% des voix.

L’intervention militaire en dernier recours

Malgré les tentatives de négociations répétées pour l’évincer, le président Bacar n’a jamais voulu remettre son élection en jeu, ni quitter ses fonctions. « Toutes les formes de médiations auront été menées et elles ont échouées. Etant donné l’intransigeance et l’entêtement de Bacar, toute la communauté internationale n’a pas d’autre alternative qu’une intervention militaire.» affirme Abdourahim Said Bakar.

La communauté internationale fait bloc pour tenter de restaurer l’union comorienne. « Le Soudan serait prêt à fournir à lui seul 1 000 hommes » affirme le ministère comorien des Affaires étrangères, et la France est prête à assurer le transport des troupes tanzaniennes jusqu’aux Comores. Niels Marquardt, ambassadeur des Etats-Unis aux Comores, approuve l’intervention militaire de l’Union des Comores : « le gouvernement des Etats Unis soutient complètement le gouvernement démocratiquement élu de l’Union des Comores ainsi que le président Ahmed Abdallah Sambi (…) Le colonel Bacar doit maintenant accepter la pleine responsabilité pour le conflit militaire qui s’avère nécessaire pour réunifier l’Union des Comores »

Pourtant, selon le journal mahorais Malango actualité, « l’imminence du débarquement n’est, elle, pas une certitude. L’avertissement lancé à Mohamed Bacar ressemble plus à une nouvelle tentative de régler le problème sans en passer par les armes, qu’à une déclaration va-t-en-guerre. Il y aurait encore des médiations en cours. »

Mohamed Bacar a tout de même été prévenu par Ali Triki, le ministre libyen chargé des Affaires africaines, et Bernard Memba, le ministre tanzanien des Affaires étrangères, qui étaient de passage ce week-end à Moroni : si ses hommes et lui tiraient sur les militaires de l’Union africaine, ils seraient poursuivis pour crime de guerre.
Et, il est une certitude, les troupes de l’Union Africaine sont de plus en plus nombreuses sur le sol comorien.

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