Code de la famille : les femmes maliennes montent au créneau


Lecture 3 min.
arton17391

Après la manifestation organisée par le Haut conseil islamique contre la réforme du code de la famille samedi à Bamako, les organisations de femmes maliennes suggèrent le dialogue et la concertation, pour trouver un compromis. Le président Amadou Toumani Touré, de qui dépend l’entrée en vigueur de ce texte qui accorde davantage de droits aux femmes, suit la même logique. Mais sa décision reste attendue.

C’est au tour des femmes maliennes de faire entendre leurs voix, à propos de la polémique soulevée par la reforme du code de la famille. Selon l’AFP, la Fédération nationale des collectifs d’organisations féminines du Mali (Fenacof-mali), une des plus importantes fédérations d’associations de femmes du pays , a appelé lundi, à de « larges » concertations, sur le nouveau code des personnes et de la famille. « Nous appelons les uns et les autres à organiser de larges consultations afin de mettre l’unité nationale au-dessus de tout. Notre rôle à nous tous est aujourd’hui de sauvegarder la paix dans notre pays », a déclaré à l’AFP, Mme Dembélé Oulématou Sow, la présidente de la Fenacof-Mali. « Il faut vulgariser, expliquer davantage le contenu du code, pour éviter tout amalgame, toute interprétation tendancieuse », a -t -elle ajouté.

Cette sortie de la présidente de la Fenacof fait suite à la manifestation contre le nouveau code de la famille, qui a rassemblé samedi quelques 50000 personnes dans le plus grand stade de Bamako. Organisée par le Haut conseil islamique du Mali, la principale organisation islamique du pays, cette manifestation visait à empêcher la mise en application du nouveau code de la famille, qui accorde d’avantage de droits aux femmes. Adopté début août par l’Assemblée nationale malienne mais pas encore promulgué par le chef de l’Etat Amadou Toumani Touré, le nouveau code remplace notamment l’expression « puissance paternelle » par « autorité parentale ». Il relève aussi l’âge légal du mariage à 18 ans, alors que, l’ancien code de la famille étant muet sur cette question, les jeunes filles étaient parfois mariées, surtout en zone rurale, dès 13 ou 14 ans.

Les manifestants de samedi qui voient la main de l’Occident derrière la réforme du code de la famille, souhaitent le maintien du statut quo. « Non à ce code qui divise les maliens », « la femme reste la femme et l’homme reste l’homme », « la civilisation occidentale est un péché », pouvait-on lire sur leurs banderoles et calicots. Le président du Haut conseil islamique du Mali, l’imam Mamadou Diko, a demandé au président Amadou Toumani Touré de ne pas promulgué le texte, afin, a-t-il dit, de « préserver la paix et la quiétude dans notre pays ». Plusieurs autres manifestations contre ce code avaient déjà été organisées dans le pays.

Mais si Amadou Toumani Touré a vanté dimanche les vertus du dialogue et de la concertation, dans un message adressé à la communauté musulmane du Mali, rien n’indique qu’il suivra les adversaires du nouveau code de la famille. Il avait en effet inscrit la promotion et la protection des droits humains comme une priorité de son mandat, au même titre que le respect des valeurs traditionnelles.

En pratique, le chef d’Etat malien pourrait sursoir à promulguer le texte, par soucis d’apaisement. Dans ce cas, il, le renverrait aux députés pour une nouvelle délibération, que ceux-ci peuvent refuser .

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News