Centrafrique : les élections en sursis ?


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Le président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), Martin Ziguélé, ancien Premier ministre, a tenu une conférence de presse mercredi, au Centre d’accueil de la Presse Etrangère (CAPE), à Paris, afin d’alerter l’opinion internationale sur la situation sociopolitique inquiétante en Centrafrique et le mutisme du gouvernement Bozizé sur les élections générales de mars 2010.

La conférence de presse s’est ouverte par une déclaration liminaire de Martin Ziguélé, ancien Premier ministre du président centrafricain déchu, Ange Félix Patassé. La salle du CAPE était pleine de journalistes des médias nationaux et internationaux, venus pour la circonstance.

Dans ses propos, Martin Ziguélé, au nom de son parti, le MLPC, s’est inquiété de la situation qui prévaut en Centrafrique. Il a interpellé les dirigeants de la RCA, « face aux catastrophes humanitaires auxquelles sont exposées aujourd’hui les populations centrafricaines, confrontées aux combats qui opposent l’armée nationale et divers groupes politico-militaires, notamment ceux du Front Démocratique (FDPC) d’Abdoulaye Miskine, de la Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP) de Charles Massi, ou encore le Mouvement des Libérateurs Centrafricains pour la Justice (MCLJ) d’ Abakar Sabone, dans le nord du pays. »

Le dialogue politique n’a rien changé, la population continue de souffrir au nord

Pour lui, le Dialogue Politique Inclusif tenu à Bangui en décembre dernier pour sortir la RCA des multiples crises qu’elle traverse depuis une décennie n’a pas obtenu les résultats escomptés. Car, au sortir de ce dialogue, les armes ont repris leur crépitement dans le nord de la RCA et la population, abandonnée à elle-même, continue de fuir les combats entre rebelles et armées gouvernementales pour se réfugier au Tchad et au Cameroun voisins.

Après avoir exprimé son inquiétude sur la situation des droits de l’Homme en Centrafrique, le président du MLPC a montré du doigt les manœuvres dilatoires du président Bozizé en vue de repousser sine die les élections générales prévues pour mars 2010. « A dix mois des élections générales, aucune disposition n’est prise (par le gouvernement), afin de garantir des échéances électorales justes, transparentes et réellement démocratiques », s’insurge-t-il.

Les élections de mars 2009 doivent avoir lieu

Martin Ziguélé pense qu’aucune élection inclusive ne peut être envisagée alors que des combats ont toujours lieu entre rebelles et armée régulière, et qu’une majeure partie de la population est toujours réfugiée en dehors du territoire national. Il a donc demandé l’appui de la communauté internationale d’agir, afin d’aider le gouvernement à engager des discussions avec les rebelles pour aboutir à un cessez-le feu et à la Paix, et de veiller à la mise en œuvre rapide d’un processus électoral transparent et inclusif.

Aux différentes questions des journalistes, Martin Ziguélé a reprécisé que « dans l’intérêt de la démocratie, il est impératif de respecter le calendrier électoral. Ce serait un véritable leurre de croire que reporter les élections serait bénéfique à l’opposition ». Au sujet de son éventuelle présentation aux prochaines échéances électorales, il a répondu que c’est le congrès du MLPC qui en décidera.

Sur la liberté de la presse en Centrafrique, l’ancien Premier ministre a rappelé qu’il avait soutenu la presse pendant sa grève de « Journée sans journal ». Pour lui, « Bozizé refuse tout ce qui est contre pouvoir. Le fait qu’il traite les magistrats de bandits, délinquants, est un exemple concluant ».

Martin Ziguélé, 52 ans, a été Premier ministre du régime d’Ange Félix Patassé de 2001 à 2003. Lors du premier tour de la présidentielle, le 13 mars 2005, Ziguélé a reçu 23,5% des voix et s’est retrouvé au second tour face au président Bozizé où il a perdu avec 35,4% des voix. Il est aujourd’hui le président du MLPC.

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