Suisse : minarets à tout prix


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De jeunes Suisses utilisent l’humour pour protester contre les résultats du scrutin favorables à l’interdiction de la construction de nouveaux minarets sur le territoire helvétique. Ils réfléchissent aux possibilités de bâtir, par tous les moyens, ces tours boycottées dans leur pays. Depuis le début de la campagne politique contre la construction des minarets, menée par le parti de droite populiste, l’Union démocratique du centre (UDC), un atelier de sérigraphie genevois, Dirty Hands, propose « Do Minaret yourself ». Un projet qui offre la possibilité de posséder des petites tours d’appartement.

Interview de Monsieur Merlu (pseudo), membre de Dirty Hands :

Afrik.com : D’où vous est venue l’idée de « Do minaret yourself » ?

Monsieur Merlu : Dirty Hands a lancé cette initiative depuis le début de la campagne organisée par l’Union démocratique du Centre (UDC), contre la construction des minarets en Suisse. On est un groupe d’artistes, nous nous positionnons contre les actions de l’UDC par le biais de la création. Construire un minaret soi-même est un moyen pour nous de dire que ce référendum est un non sens, qu’il est complément discriminatoire !

Afrik.com : Ces minarets en carton ont-il du succès ?

Monsieur Merlu : Depuis l’annonce des résultats du scrutin, favorables à l’interdiction de la construction de nouveaux minarets, les personnes se procurent de plus en plus ces tours en carton. C’est un moyen pour eux d’exprimer leur colère. En Suisse, on a tous été surpris par ce vote. Les politiques l’ont dénigré, personne ne le prenait vraiment au sérieux. Les gens sont tombés de haut.

Afrik.com : Quelles seront vos prochaines actions contre l’UDC ?

Monsieur Merlu : Pour l’instant, rien. Mais ne vous inquiétez pas, elles vont arriver rapidement !

Non, les Suisses ne sont pas tous des islamophobes notoires ! Depuis le vote de la peur qui interdit la construction de minarets, certains d’entre eux multiplient les initiatives pour critiquer le choix de leurs concitoyens. L’atelier de sérigraphie genevois, Dirty Hands, propose un minaret d’appartement à bâtir soi-même depuis le début de la campagne contre la construction de ces tours en Suisse, menée par le parti de droite populiste (UDC). La présentation sur leur site est aguicheuse : « Culminant à plus de 50 centimètres de haut, ce minaret en carton s’érige facilement et diffusera son aura positive au bureau ou sur votre balcon ». Dirty Hands a tout prévu pour les futurs propriétaires qui peuvent soit « télécharger et imprimer leur minaret », soit « se rendre à l’atelier pour retirer leur exemplaire sérigraphié sur carton gris ».

La floraison des minarets

Cette initiative baptisée « Do minaret yourself » est un clin d’oeil à la devise punk « Do it yourself » (Fais-le toi-même). Dirty Hands, par cette action ludique et drôle, entend faire entendre la voix de ces autres Suisses qui ne voient aucun inconvénient à la construction de minarets. Selon le fondateur de l’atelier, Julien Favre, pour ne pas faire de jaloux, des versions clocher et synagogue ont aussi été développées.

Dirty Hands n’est par le seul à protester contre l’interdiction des minarets. Sur Facebook par exemple, un groupe a été créé. Il s’intitule «Etant donné qu’il n’y aura pas de minaret… construisons des carnotzets (local où on se réunit entre amis pour boire)». Et c’est un franc succès puisqu’aujourd’hui le groupe compte 21 261 membres. D’autres Suisses programment de construire des minarets dans plusieurs endroits comme à Fribourg, en Allemagne. L’Union démocratique du centre n’a pas fini de frémir…

Pour plus d’informations :

Dirty Hands

Mouvements des créatifs suisses

Interdiction des minarets : le monde musulman critique la Suisse

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