Carburant cher: la Guyane s’enflamme


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Un mouvement d’automobilistes réclamant une baisse des prix du carburant à la pompe paralyse la Guyane depuis une semaine. Cayenne, le chef lieu, a été le théâtre d’affrontements entre jeunes et forces de l’ordre en milieu de semaine dernière. Face à la gravité de la situation, les huit principales formations politiques de ce département français ont adressé au président Sarkozy, une lettre lui demandant de prendre une décision pour satisfaire la juste revendication des Guyanais.

Vingt cinq routes barrées, la circulation totalement bloquée, sauf aux véhicules d’urgence… la Guyane est paralysée depuis une semaine. Une coalition d’associations de consommateurs et de syndicats de transporteurs, a lancé le blocage du département lundi dernier. Ils réclament la réduction de 50 centimes des prix du litre de carburant à la pompe. En Guyane, le litre d’essence coûte 1,77 euros dans le territoire et celui du Gazole se vend 1,55 euros.

Nombre de magasins sont ainsi restés fermés depuis le début de la semaine dernière. La grande majorité des établissements scolaires aussi. Ce week-end, le seul port de commerce du territoire et l’aéroport international de Rochambeau sont restés également fermés aux trafics commerciaux. Et le prochain lancement d’Ariane 5, initialement prévu au 10 décembre, a été reporté.

Ce dimanche, la situation était calme après les affrontements qui ont opposés dans la nuit de mercredi à jeudi, à Cayenne, des jeunes aux forces de l’ordre. Vendredi, le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Yves Jégo, a indiqué avoir obtenu des pétroliers, une baisse de 30 centimes par litre de carburant. Il a alors proposé de prendre 5 millions d’euros dans le fonds exceptionnel d’investissement pour l’Outre-mer pour compenser le manque à gagner des collectivités, si elles acceptaient de réduire leurs prélèvements sur les carburants. Cette proposition n’a apparemment pas été entendue. Dimanche, les huit principales formations politiques de la Guyane, y compris l’UMP, ont envoyé au président Nicolas Sarkozy une lettre lui demandant de prendre les décisions nécessaires pour satisfaire la juste demande des Guyanais.

Yves Jégo double la mise ce lundi. Il propose, dans un entretien publié au conseil régional de Guyane, une enveloppe de 10 millions d’euros s’il accepte d’abaisser le montant de ses prélèvements sur les carburants. « Si la région, avec l’accord de ses partenaires, délibère dès ce début de semaine pour une baisse de 20 centimes immédiate qui viendrait s’ajouter aux 30 centimes déjà appliqués, et si l’activité reprend rapidement, je suis prêt à doubler l’engagement financier de l’Etat. Je pourrai alors réserver, dès 2009, une enveloppe exceptionnelle de 10 millions d’euros », affirme-t-il.

Crainte de l’effet contagion

« J’en appelle maintenant à la responsabilité de la classe politique et de tous les acteurs de la vie locale en Guyane », déclare le secrétaire d’Etat français qui ajoute : « Personne ne comprendrait, me semble-t-il, que les élus qui ont pris fait et cause pour cette revendication refusent maintenant de mettre en œuvre la solution attendue qui dépend désormais exclusivement d’eux ». Yves Jégo renvoie ainsi la balle dans le camp des politiques de la Guyane qui, dès le départ, se sont montrés solidaires des revendications des protestataires.

Fin octobre, ce sont les Réunionnais qui avaient protesté contre la cherté des prix du carburant à la pompe. Pour éviter que la vague de mécontentement atteigne la Martinique et la Guadeloupe, Yves Jégo a demandé aux préfets de ces deux départements d’étudier les possibilités de réduire de façon significative les prix des carburants dès début décembre.
La hausse des prix du carburant ne serait pas le seul problème auquel les territoires et départements d’outre mer sont confrontés, écrit Rue89. Selon ce quotidien en ligne, les DOM-TOM sont privés de plusieurs avantages par souci d’économie. Le gouvernement vient en effet de supprimer les avantages réservés aux retraités ultras marins et a fait adopter un plafonnement des avantages fiscaux liés aux investissements dans les DOM-TOM. Ces avantages fiscaux étaient pourtant devenus la source majeure de financement aux Antilles.

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