Brice Hortefeux : un ministre de l’Intérieur accusé de racisme


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Brice Hortefeux
Brice Hortefeux

« Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes », dixit le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux dans une vidéo publiée ce jeudi par Le Monde. Les propos ont été tenus après que le ministre a pris une photo aux côtés d’un jeune militant UMP d’origine arabe. Plusieurs associations et partis politiques dénoncent des propos racistes.

C’est l’emballement politico-médiatique. Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux est sommé de s’expliquer sur une vidéo postée jeudi par Le Monde sur son site Internet. Celle-ci montre le ministre en train de poser pour la photo en compagnie d’un jeune militant d’origine maghrébine. « Il ne correspond pas du tout au prototype », plaisante Brice Hortefeux. Et d’ajouter : « Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes.»La vidéo a été tournée durant le campus d’été des jeunes de l’UMP à Seignosse, dans les Landes.

« Vaine tentative de polémique »

Accusé de tenir des propos racistes, Brice Hortefeux a aussitôt réagi dans un communiqué de presse, dénonçant « une vaine et ridicule tentative de polémique ». La phrase : « Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes », faisait référence « aux très nombreux clichés qu’il venait de prendre avec la délégation auvergnate ». En parlant de « prototype », le ministre a indiqué qu’il parlait des Auvergnats, et ne faisait « aucune référence à une quelconque origine ethnique ».

Le jeune militant concerné par les propos de Brice Hortefeux défend également le ministre. « C’est honteux. Je suis arabe mais il m’a tout à fait respecté, ce n’était pas du tout mal placé. Et je ne considère pas que c’est un dérapage. Ça a été entièrement sorti du contexte. Mon secrétaire départemental blaguait avec le ministre parce qu’il parle auvergnat et c’est de là que c’est parti ».

Les réactions se multiplient depuis la diffusion de ces images. Le porte-parole du Pari socialiste Benoît Hamon dénonce des propos « inqualifiables ». « La question n’est même pas de savoir s’il faut ou pas qu’il démissionne du gouvernement, mais que fait-il encore au gouvernement à cette heure-ci ? Le président de la République doit le démettre immédiatement», a-t-il déclaré. « On sait dorénavant ce que M. Hortefeux a dans le ventre et ça ne sent pas bon », renchérit la porte-parole des Verts, Djamila Sonzogni.

« Fixation sur l’origine »

Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) regrette, de son côté, des « propos racistes » de la part de M. Hortefeux qui « fait preuve d’une fixation sur l’origine, révélatrice de ce qu’il faut qualifier de véritable obsession ». SOS Racisme a appris « avec consternation » les propos du ministre, alors que L’Union des étudiants juifs de france (UEJF) se dit « choquée » par des propos indignes d’un ministre de la République ». « Ces paroles sont aux antipodes des valeurs qu’un ministre est censé représenter. D’autant qu’il vient de sanctionner un préfet taxé de racisme. Si ces propos ont bien été tenus, il faudra appliquer la même règle au ministre de l’intérieur», estime de son côté Patrick Lozès, président du Conseil représentatif des associations (CRAN). Gilbert Roger, maire socialiste de Bondy (Seine-Saint-Denis), juge les propos rapportés « révoltants et scandaleux ».

La « plaisanterie » de Brice Hortefeux tombe justement à point nommé pour Le préfet Paul Girot de Langlade. Soupçonné de propos racistes et mis à la retraite d’office, à la veille de la diffusion de la vidéo, il a estimé qu’il n’était pas « le plus raciste des deux » faisant référénce à son ministre. « J’attends de voir maintenant ce que vont faire les associations anti-racistes face à ce dérapage verbal », a-t-il déclaré sur France Info.

En janvier 2009 déjà, Brice Hortefeux, alors ministre du Travail, avait crée une mini-polémique en déclarant que la nationalité française de la secrétaire d’Etat chargée de la Politique de la ville, Fadela Amara, n’était pas « forcément évidente ».

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