Azouz Begag entre au gouvernement français


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Azouz Begag, 48 ans, vient d’être nommé ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances au sein du nouveau gouvernement de Dominique de Villepin. Défenseur de cette « égalité des chances » depuis toujours, ce sociologue et écrivain d’origine algérienne a des idées novatrices. Encore faut-il qu’il puisse les imposer.

Une consécration de plus pour Azouz Begag. Le « gone » du chaâba, le môme du bidonville né dans la banlieue lyonnaise de parents algériens, vient d’être nommé ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances au sein du nouveau gouvernement de Dominique de Villepin. Chevalier de l’Ordre national du mérite, il a été membre du Conseil économique et social en 2004 et 2005, et décoré en février dernier de la Légion d’honneur.

Il avait également été chargé par de Villepin (alors ministre de l’Intérieur), en mai 2004, de la rédaction d’un rapport sur l’égalité des chances, rendu en décembre dernier et intitulé « La République à ciel ouvert ». Et dans lequel on trouve des propositions novatrices, comme l’autodéclaration des origines ethniques dans les statistiques françaises ou la création de Brigades anti-discriminations (BAD) qui seraient chargées de répondre rapidement à toute discrimination avérée, comme à l’entrée des discothèques. Dans ce rapport, Azouz Begag se prononçait contre une politique des quotas mais pour le recrutement de policiers d’origine maghrébine et africaine… Il suggérait aussi de remplacer le mot « intégration » par l’expression « promotion de l’égalité des chances ».

Ascenseur social

Azouz Begag est né en 1957 à Villeurbanne d’un père arabe et d’une mère kabyle qui ont choisi d’émigrer en France en 1949. Les 10 premières années de sa vie se passent dans une baraque en planches bricolée sur les bords du Rhône, avant que la famille ne déménage dans une barre d’immeuble, à la cité Duchère. Begag a grandi entouré de 7 frères et sœurs. Doctorant en économie, il enseigne cette matière à l’Ecole centrale de Lyon, avant d’être chargé de recherche en socio-économie urbaine au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) en 1986. La même année, il commence à écrire. Son premier roman, Le gone du chaâba (Seuil, 1986), s’inspire de son enfance dans le bidonville et sera adapté au cinéma dix ans plus tard.

En 1988, il est le premier Français d’origine maghrébine à enseigner aux Etats-Unis, à l’université Cornell de New-York. Parallèlement à son activité de chercheur, de conférencier, scénariste et chroniqueur radio (France-Culture et RTL), Azouz Begag a publié une trentaine d’ouvrages qui ont tous l’immigration au cœur. Voilà ce qu’on appelle communément avoir pris « l’ascenseur social ». Si cet ascenseur semble un peu rouillé ces derniers temps, notamment pour les jeunes des banlieues nés de parents immigrés, il semblerait qu’Azouz Begag ait envie de le remettre en marche. Ce qui explique peut-être sa présence au gouvernement.

Discrimination positive ?

S’il est souvent montré en exemple de « l’intégration » réussie, il s’est toujours battu, dans ses romans ou ses essais, dans ses cours et dans ses prises de parole, pour cette égalité des chances dont il se retrouve porte-flambeau aujourd’hui. De son expérience américaine en 1988, il avait rapporté une volonté farouche de défendre la discrimination positive. Un concept qu’il abhorre aujourd’hui. « En parlant de la nomination d’un préfet musulman (Aïssa Dermouche, ndlr), Nicolas Sarkozy a tué volontairement la discrimination positive », confiait-il au Monde en mai dernier. Le débat sur cette question, qui devrait être dans l’actualité prochainement, risque d’être chaud, l’actuel Premier ministre s’étant prononcé « pour »…

Azouz Begag est l’un des deux membres du gouvernement Villepin à être issu de la société civile.
Père de deux filles, il a 48 ans et a conservé une allure juvénile. Peu écouté par la gauche en son temps, il est allé voir à droite… Il a des idées à revendre. Reste à connaître sa future et réelle marge de manœuvre. Azouz Begag a toujours voulu faire bouger les choses. Espérons qu’on lui en donnera les moyens.

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