Au Maroc, deux partis politiques réclament des réformes


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Deux partis politiques marocains, l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) et le Mouvement Populaire (MP), ont réclamé la mise en place d’un agenda de réformes politiques, et notamment un round de discussions au sujet d’une éventuelle modification de la Constitution. Ces demandes interviennent à la suite des manifestations qui ont eu lieu dans l’ensemble du pays, le 20 février 2011, rassemblant au total 37 000 manifestants.

La pression monte sur le régime marocain

Après la rue, c’est au tour de deux partis politiques, membres du gouvernement, d’appeler à des réformes. Il s’agit du parti socialiste (l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP)) et du Mouvement populaire (MP). Tous deux ont demandé une réforme de la Constitution. L’UFSP a demandé, le 24 février, qu’un agenda de réformes politiques soit fixé, et notamment pour une réforme de la Constitution. Avec 41 sièges au parlement pour le MP et 38 sièges pour l’USFP, ce soutien aux manifestants est non négligeable.

Ali Bouabid, un membre dissident du bureau politique de l’USFP, a déclaré à RFI que « le parti ne voulait pas être en décalage, c’est la pression de la rue qui a fait changer l’USFP d’avis ». D’après lui, cette demande est formulée depuis longtemps mais les principaux partis refusaient de suivre cette idée.

Le Mouvement populaire, pourtant réputé conservateur, à quant à lui déclaré à RFI : « Nous ne voulions pas rater ces circonstances favorables ». D’après le MP, et étant donné les changements en cours dans le monde arabe, le moment est idéal pour réclamer des changements politiques.

D’autres voix qualifient la position de ces deux partis “d’opportuniste“, en précisant que l’écart entre les partis politiques marocains et le peuple n’a cessé de se creuser ces dernières années. Par conséquent, l’USFP et le MP pourraient regagner en crédibilité et en légitimité. Par ailleurs, le Makhzen, protection officielle du régime monarchique, commence réellement à s’inquiéter de la situation.

Le Makhzen s’agite pour protéger le roi…

Le Makhzen s’agite pour protéger le roi. Alors que les contestations sociales ont envahi bon nombre de pays arabes, le souverain a déclaré aux manifestants qu’il ne cèdera pas à la « démagogie et à l’improvisation dans son action visant à consolider son modèle singulier de démocratie et de développement »

Retrait de la holding royale de certains business

Les conseillers du roi ont jugés urgent d’accélérer le retrait de la holding royale de certains business trop exposés. Noureddine Ayouch, publicitaire marocain, a laissé entendre devant une assemblée d’hommes d’affaires au Golden Tulip de Casablanca, le 18 février, que la holding allait accélérer son retrait de Lesieur-Cristal (huile alimentaire), Cosumar (sucre) et de la chaîne de supermarchés Marjane. Cette opération a été confiée à la banque Lazard. Alors que les exportations de sucre viennent d’être soumises à l’approbation des autorités, le palais continue à peser sur la baisse du prix des denrées de base par le biais de la Caisse de compensation qui vient de voir son budget doubler grâce à des importations céréalières.

Est-ce que l’USFP et le MP arriveront à influencer d’autres partis politiques ? Le peuple marocain sera-t-il réceptif à ce soutien ? La monarchie se décidera-t-elle à se lancer dans des discussions autour d’une éventuelle modification de la Constitution ? L’ouverture d’un débat autour de la réforme de la Constitution pourrait intervenir dans un futur proche. Débat dont le sujet principal serait : moins de pouvoir au roi et plus de crédibilité aux institutions démocratiques…

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