ATT et les sans-papiers maliens


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Alors que les sans-papiers maliens manifestaient devant l’ambassade de leur pays, Amadou Amani Touré, leur président, dressait le bilan de son premier voyage officiel en France. ATT repart gagnant de l’Elysée, mais ne veut pas entendre parler de ses ressortissants en situation irrégulière.

Amadou Amani Touré (ATT) affichait une mine radieuse à l’issue de sa visite officielle à Paris. La renégociation de la dette de son pays à l’égard de la France, les accords de coopération pour la construction de barrages et d’hôpitaux sont autant de points dont il peut se féliciter. Seule ombre au tableau : pendant qu’il rencontrait son homologue français à l’Elysée, les ressortissants de son pays en situation irrégulière en France occupaient l’ambassade du Mali. Un sujet soigneusement contourné par le président.

Quel bilan faites-vous de votre visite en France ?

Amadou Amani Touré : La France est notre premier partenaire et notre premier fournisseur. Nous ne sommes pas venus pour demander, cependant nous avons obtenu que la France annule 40% de la dette de notre pays. La dette monétaire s’élève à 144 milliards de francs cfa (219 526 585 euros). Elle provient du passif de la Banque centrale du Mali et s’est aggravée suite à la sécheresse endémique des années 80. Avec la dévaluation du franc cfa, elle a plus ou moins doublé. L’an dernier, nous avons remboursé 1,2 milliards de francs cfa. Cette année, 2,2 milliards. Et en 2008, si cela continue, nous devrons payer 14 milliards. Nous avons fait part à la France de cette difficulté : c’est un boulet qui grève les finances publiques. La France a fait la promesse d’effacer 40% de cette dette, soit 63,5 milliards de francs cfa.

Que dites-vous aux sans-papiers maliens qui manifestent en ce moment pour leur régularisation ?

Amadou Amani Touré : Je suis à leur écoute. J’ai appris qu’ils avaient occupé une église et l’ambassade… Je comprends leurs difficultés. Nous leur avons parlé. Le ministre de l’Intérieur français est invité à Bamako en octobre. Nous allons évoquer la question sans tabou. Nous parlerons aussi de ceux dont on ne parle pas, qui sont intégrés, qui travaillent et qui vivent en France. Et nous discuterons de la polygamie, qui est une coutume mal comprise en France.

Vous avez rencontré le ministre de l’Intérieur français, Nicolas Sarkozy. Qu’est-ce qui s’est dit lors de cet entretien ?

Amadou Amani Touré : Monsieur Sarkozy m’a fait une visite de courtoisie. Nous n’avons rien conclu. Nous n’avons pas discuté de qui devait partir ou de qui devait rester. Nous en parlerons en octobre, lors de sa visite au Mali.

Quelles sont vos priorités, 100 jours après votre élection à la présidence du Mali ?

Amadou Amani Touré : D’abord la sécurité alimentaire. Il faut nourrir les gens, surtout en cette année si difficile pour la région du Sahel. Nous allons baisser la TVA sur les produits de première nécessité. Notre gouvernement ne peut pas fonctionner sur l’argent des plus pauvres. Nous allons aussi mettre en place une banque des Maliens de l’extérieur, afin qu’ils puissent épargner et investir, au Mali ou dans d’autres pays. J’ai rencontré dans ce sens les responsables du Medef (organisation patronale française, ndlr) Nous souhaitons aussi développer une coopération avec des sociétés françaises pour créer des usines de filature au Mali. Enfin, nous projetons de créer un ministère des Maliens de l’extérieur, détaché du ministère des Affaire étrangères.

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