Lutte contre Aqmi dans le Sahel: différend entre Paris et Alger


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Paris souhaite organiser une conférence des chefs d’Etat du Sahel dédiée à la lutte contre les réseaux terroristes dans la région. Mais Alger s’y oppose, préférant que soient conduites des initiatives locales dans lesquelles les premiers rôles lui reviendraient, du fait de son expérience et de sa puissance militaire. Un centre de renseignement sur le terrorisme commun à quatre pays du Sahel sera installé ce mercredi dans la capitale algérienne.

Mésentente entre Alger et Paris. Selon une information reprise ce mardi par plusieurs sites d’information de la capitale algérienne, la diplomatie de ce pays ne verrait pas d’un bon œil que Paris veuille parrainer une conférence régionale sur la lutte contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le réseau terroriste auteur de plusieurs enlèvements d’Occidentaux dans la région. Selon Paris, cette rencontre devait se tenir dans les prochaines semaines et réunir les chefs d’Etat du Sahel confrontés au problème du terrorisme islamiste. Certains présidents comme le malien Amadou Toumani Touré avaient déjà marqué leur accord. « Nous souscrivons entièrement à cette idée. Mais nous voulons aussi que cette rencontre soit l’occasion pour nos partenaires d’ajouter la question du développement de la région. Il ne suffit pas de se focaliser entièrement sur le tout-sécuritaire », avait-il récemment déclaré, lors d’une interview à France Télévision.

En pratique, la France souhaiterait se tenir à l’écart, se contentant de superviser la rencontre. Cependant, l’Algérie lui contesterait même ce rôle limité. Selon le site Algérie-dz qui cite des sources diplomatiques anonymes, le gouvernement du président Abdelaziz Bouteflika voudrait que la réunion soit organisée et conduite par les pays sahélo-sahariens, et « non sous les auspices d’un pays tiers et étranger à la région de surcroît ».

Alger veut garder le leadership dans la lutte contre le terrorisme

Forte de son expérience dans la lutte contre le terrorisme et de sa puissance militaire dans la région, l’Algérie souhaite visiblement conserver le leadership dans la résolution des problèmes sécuritaires du Sahel. D’où son appel, plusieurs fois réitéré, pour une plus grande implication des Etats de la région et ses initiatives visant à créer une synergie sous-régionale pour combattre Aqmi. Ces six derniers mois, le pays a ainsi organisé deux grandes réunions consacrées au terrorisme. La première s’est tenue le 16 mars à Alger. Le Burkina Faso, le Tchad, la Libye, le Mali, la Mauritanie et le Niger ont envoyé des délégués à cette rencontre baptisée « Conférence de coordination » de la lutte contre le terrorisme. La deuxième rencontre, celle de ce dimanche à Tamanrasset, a rassemblé les chefs d’état major des armées de quatre pays, l’Algérie, le Niger, la Mauritanie, le Mali. Ceux-ci ont décidé de mettre en commun leurs moyens pour traquer les terroristes. Ce mercredi à Alger, les patrons des services de renseignement des quatre pays vont installer un centre de renseignements conjoints. Sa mission : collecter toutes les informations sur les activités terroristes et les mettre à la disposition du centre opérationnel militaire du Sahel basé à Tamanrasset.

« L’Algérie semble être en train de servir de locomotive à la stratégie de lutte contre le terrorisme dans la sous-région du Sahel, où la situation sécuritaire est devenue de plus en plus inquiétante», commente le journal El Watan. Alger n’exclut pas d’ouvrir les portes de la coalition contre Aqmi à d’autres pays du Sahel. Seule la mainmise française sur le dispositif sécuritaire semble lui poser problème.

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