Après la guerre… les mots


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Moisson de crânes de Waberi
Moisson de crânes de Waberi

Les éditions du Serpent à Plumes publient  » Moisson de crânes  » du Djiboutien Abdourahman A. Waberi. Ce livre fait partie du projet  » Rwanda : écrire par devoir de mémoire « . Un texte violent et poétique à découvrir absolument.

En 1997, trois ans après le génocide rwandais, l’écrivain tchadien Nocky Djedanoum initie le projet  » Rwanda : écrire par devoir de mémoire « . En 1998 dix écrivains, un cinéaste et un plasticien se rendent alors à Kigali. Ils proposent à présent leurs oeuvres dont le livre d’Abdourahman A. Waberi fait partie.

 » Comment écrire après Auschwitz ?  » se demandait Paul Celan à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.  » Comment écrire après le génocide rwandais ?  » se demande en écho Abdourahman A. Waberi. Ecrire sur cet événement terrible qui ensanglanta le Rwanda d’avril à juillet 1994, l’écrivain s’en excuse presque, la littérature semblant bien dérisoire face à une telle situation.

Pour se convaincre, il écrit :  » Notre humanité exige de donner, ne serait-ce que pour quelques instants, visage, nom, voix et, partant, mémoire vive aux centaines de milliers de victimes pour qu’elles ne soient pas simplement synonymes de chiffres (…).  » Devoir de mémoire pour cracher à la face du monde l’indifférence qui a été la sienne lors des massacres. Devoir de mémoire pour ne pas oublier les cris et les coups de machettes aveugles.

La littérature au coeur du charnier

L’écrivain livre six nouvelles incandescentes. Il est revenu à Kigali, les machettes se sont tues, mais la mort plane toujours :  » Petit pays tout en escarpements, collines, vallées et lacs, aujourd’hui mué en terre de peine et d’ossuaires.  » Il tente d’expliquer la raison de cette folie collective, trouver les racines du mal, de ce qu’il appelle  » l’inhumanité « . Il constate, amer. Il regarde, incrédule. Il témoigne, impuissant.

Ce genre d’écrit est nécessaire, comme le dit Abdourahman A. Waberi pour  » Elever un panthéon d’encre et de papier à la mémoire des victimes, héler les consciences un brin disponibles.  » En espérant qu’il en reste encore quelques-unes.

Editions du serpent à plume. Commander le livre.

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