Angola : la campagne des élections générales émaillée de tensions


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Les tensions sont vives entre le pouvoir et l’opposition depuis le coup d’envoi de la campagne des élections générales du 31 août. Chaque camp accuse l’autre d’être à l’origine de violences dans le pays. Les Angolais éliront leurs députés et leur président de façon indirecte. Le chef d’Etat, José Eduardo Dos Santos, au pouvoir depuis 33 ans, est donné favori du scrutin.

C’est sur fond de tensions que se déroule la campagne des élections générales du 31 août. Les Angolais éliront leurs députés et leur chef d’Etat de façon indirecte. La nouvelle Constitution, adoptée en 2010, a en effet aboli l’élection du président de la République au suffrage universel. Désormais, c’est la tête de liste du parti qui remporte les législatives qui devient président.

Alors que la campagne bat son plein, le bras-de-fer se poursuit entre le parti au pouvoir du Président José Dos Santos, le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), et le plus important parti d’opposition, l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita). Les relations entre les deux mouvances se sont particulièrement effritées dernièrement. Chacun accusant l’autre de fomenter de mauvais coups pour saboter la campagne émaillée de quelques heurts entre les sympathisants des différents camps. Les deux partis, concurrents historiques, doivent aussi faire face à une nouvelle venue dans la politique angolaise : la coalition ample de sauvetage de l’Angola (Casa).

Le Président Dos Santos, au pouvoir depuis 33 ans, donné favori du scrutin, a accusé jeudi dernier sur la télévision nationale, les partis d’oppositions de préparer des manifestations pour troubler l’ordre public. Selon lui, ils tiennent également des propos diffamatoires dans leurs spots de campagne. La riposte de l’Unita et Casa ne s’est pas faite attendre. Ils ont accusé les militants du MPLA de s’en prendre violemment aux leurs. Pour calmer la situation, le pouvoir a saisi la Commission nationale indépendante, affirmant que le temps d’antenne de chacun des partis sera contrôlé. Mais l’opposition pointe du doigt le manque de crédibilité de cette Commission.

« 32 ans au pouvoir, c’est trop ! »

Ces élections générales étaient très attendues en Angola. Depuis son accession à l’indépendance, le pays, ravagé par plusieurs décennies de guerre civile, n’a connu que trois scrutins présidentiels. En 2004, des élections avaient été annoncées pour 2006, puis pour 2007, sans succès, rapporte RFI. C’est finalement en 2008 que les Angolais se rendent aux urnes mais seulement pour élire leurs députés. En 2009, le président annonce qu’avant de fixer la date de la tenue d’une nouvelle élection, il est préférable d’adopter d’abord une nouvelle Constitution, retardant à nouveau de trois ans au moins le scrutin. Modifiée en 2010, ce n’est finalement que fin mai 2012 que le gouvernement annonce la tenue des élections générales actuelles.

Pour nombre d’Angolais, notamment la jeunesse, la suprématie du Président Dos Santos n’a que trop duré. « 32 ans au pouvoir c’est trop ! », scandaient de jeunes manifestants, descendus dans la rue en mars 2012, pour réclamer le départ du dirigeant. Ces jeunes, âgés pour la plupart de trente ans, sont étudiants. Leur mouvement n’a pas de nom, ni de véritable leader. Mais le rappeur en vogue dans le pays, Luaty Beirão, est connu pour être l’un des principaux organisateurs des marches. Ces protestataires, qui dénoncent également la corruption et le musèlement de la liberté d’expression, organisent régulièrement des marches depuis mars 2011. Même si elles ne rassemblent à chaque fois qu’une centaine de personnes, ils sont bien décidés à aller jusqu’au bout de leurs revendications.

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