Algérie : la marée « verte » des islamistes


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L’Alliance verte, le nouveau parti islamiste algérien, prône une « suprématie absolue » dans la future Assemblée algérienne. Après la Tunisie, le Maroc et l’Egypte, voici venu le tour de l’Algérie en ce temps de printemps de l’Islam.

Après avoir pris soin de camoufler toutes dissensions au sein du parti, l’Alliance de l’Algérie verte (AAV), qui regroupe trois mouvements islamistes (Mouvement de la société pour la paix, El Islah et Ennahda), a exprimé sa certitude d’occuper un nombre important de places dans la future Assemblée à l’issue des élections législatives du 10 mai. La confédération politique table même sur une « suprématie absolue » d’après Bouguerra Soltani, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP). Lors d’une conférence de presse de l’AAV tenue mardi à Alger, Soltani s’est dit confiant quant à la victoire de l’AAV : « nous avons reçu des signes forts de la part des citoyens durant tous les meetings que nous avons organisés à ce jour à travers le territoire national ». A deux semaines du premier scrutin, il affirme que « la coalition sera créditée de 22 à 25% des suffrages. Seule la fraude est en mesure de stopper l’avancée de l’Alliance de l’Algérie verte », a-t-il assuré mardi au cours de cette conférence de presse.

Le leader d’Ennahda, Fatah Rebaï est du même avis que son acolyte. L’ambition de rafler cent vingt sièges parlementaires n’émane pas d’un simple sondage mais d’un « constat fait sur le terrain durant la première semaine de la campagne électorale ». Et de fait, l’Alliance verte propose un programme en adéquation totale avec les attentes du peuple, « notamment en matière d’emploi, de lutte contre la bureaucratie et la corruption et de soutien du pouvoir d’achat des Algériens ».

Un engouement partagé par le chef d’El Islah, Hamlaoui Ackouchi. Celui-ci a même annoncé au cours du point presse qu’il était disposé à diriger un gouvernement de coalition ouvert à tous les courants politiques. Soltani, qui partage sa position, a assuré qu’ « aucun parti ne peut gouverner seul ».

Alliance verte, la voix du peuple

A peine vient-elle de se créer, le 7 mars, que l’Alliance Verte, cette coalition de trois mouvements islamistes formée pour préparer les législatives du 10 mai, espère bien marcher dans les pas de ses voisins maghrébins. Mais étant donné l’histoire, avec notamment la « décennie noire », l’Alliance verte ne risque pas d’y arriver avec autant de facilité. La Commission nationale de surveillance des élections législatives a d’ores et déjà formulé des remarques à l’encontre du parti sur l’usage du discours religieux dans les meetings de campagne. Pour sa défense, le dirigeant d’El Islah a affirmé que le discours de l’Alliance se base sur le « triptyque : nationalisme, islam et développement ».

L’AAV propose la suppression du Sénat et de la deuxième chambre parlementaire. Selon le parti, ces institutions constituent un garde-fou contre les salafistes ou le FIS dissous. Le parti « vert » a prévenu que le « printemps arabe » pouvait ressurgir à tout moment. Elle se positionne comme le porte-parole du « peuple algérien (qui) n’a plus peur de personne » et affirme qu’elle attire une foule de « plus en plus importante » ce qui va mener ses leaders à organiser « des meetings en plein air ».

L’arabe et rien d’autre

L’alliance, qui crie au « caractère républicain de l’Etat », a pour ambition d’instaurer un « système démocratique basé sur le pluralisme » avec « l’Islam comme religion d’Etat » et « l’arabe en tant que langue nationale et officielle ». Pour peser le tout, l’AAV entend donner une place importante aux « libertés fondamentales et les droits de l’Homme », à « l’unité du territoire et sa protection » et l’amour du « drapeau et de l’hymne national », symboles de la révolution et de la République.

Le parti estime que la langue tamazigh n’est qu’une « composante » de la société et « l’amazighité ne constitue pas une race à part. Si le Coran était révélé en langue amazighe, on n’aurait peut-être jamais revendiqué la langue arabe. L’amazighité est pour nous une langue nationale et une identité », soutient Abou Djerra Soltani, pour faire oublier l’erreur commise par ses collègues de l’Alliance en affirmant que seule la langue arabe sera reconnu en tant que langue nationale et officielle.

Avec toutes ces nouvelles annoncées, le triumvirat islamiste semble vouloir dépasser la campagne électorale. C’est vraisemblablement un programme d’Etat que l’Alliance de l’Algérie verte a présenté comme l’a constaté la presse locale. Les élections du 10 mai marqueront-elles l’entrée de l’Algérie dans le raz-de-marée islamiste au Maghreb ?

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