Afrique du Sud : vers un retrait de la CPI ?


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Le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, et son homologue russe, Vladimir Poutine, au Sommet du G20
Le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, et son homologue russe, Vladimir Poutine, au Sommet du G20

L’Afrique du Sud est sur le point de quitter la CPI. C’est du moins la demande du parti au pouvoir, l’ANC, fortement opposé au mandat d’arrêt lancé par l’institution implantée à La Haye contre le Président russe, Vladimir Poutine.

L’Afrique du Sud doit-elle continuer à être membre de la Cour pénale internationale ? La réponse de l’ANC, le parti au pouvoir, est non. La position de l’ANC a été rendue publique, ce mardi, par le Président Cyril Ramaphosa lui-même, à l’occasion d’une conférence de presse sanctionnant la visite du Président finlandais, Sauli Niinistö. « Le parti au pouvoir a tranché, estimant prudent que l’Afrique du Sud se retire de la CPI », a laissé entendre le chef de l’État sud-africain.

L’ANC contre toute tentative d’arrestation de Vladimir Poutine

Cette position de l’ANC découle du mandat d’arrêt international lancé, en mars, par la CPI, contre Vladimir Poutine accusé de crime de guerre, de « déportation » d’enfants ukrainiens. Ceci, dans un contexte où l’Afrique du Sud s’apprête à accueillir un sommet des BRICS, prévu pour le mois d’août. Sommet auquel le Président russe devrait participer en personne tout comme ses autres homologues du groupe. Or, en tant que membre de la CPI, l’Afrique du Sud est théoriquement censée arrêter Vladimir Poutine, si ce dernier foule son sol.

Les responsables de l’ANC reprochent également à la CPI le traitement inégal réservé aux pays. « La CPI ne sert pas les intérêts de tous, mais ceux de quelques-uns », avait déclaré, avant, Cyril Ramaphosa, le Secrétaire général de l’ANC. Selon lui, « Poutine peut venir à tout moment dans ce pays ». Connaissant les relations serrées qui existent entre l’Afrique du Sud et la Russie, la probabilité que le Président russe se fasse arrêter dans ce pays est quasi nulle. La question est à « l’étude » a répondu Cyril Ramaphosa lorsqu’on lui a demandé si l’Afrique du Sud arrêtera Vladimir Poutine.

Un devoir de gratitude

Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Afrique du Sud a toujours refusé de condamner Moscou, préférant une position neutre, mais tout en demeurant très proche de la Russie. Et ce ne sont pas les raisons pour justifier cette proximité qui manquent. Sur cette question, l’ANC et le parti de Julius Malema, Economic Freedom Fighters (EFF) que tout oppose, accordent leurs violons. Les Sud-Africains n’ont pas oublié le soutien multiforme de l’Union soviétique pendant leur lutte contre le régime féroce de l’Apartheid.

Pour les deux partis, l’Afrique du Sud et l’ensemble du continent ne doivent pas tourner le dos à la Russie, surtout que ce pays « n’a jamais utilisé sa puissance et ses capacités militaires pour coloniser le continent ou tout autre pays et ne le fera jamais ». C’est la deuxième fois en moins de dix ans que l’Afrique du Sud évoque la question de son retrait de la CPI. La première tentative a eu lieu en 2016 où le pays avait refusé d’arrêter le Président soudanais, Omar el-Béchir, sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la CPI alors qu’il visitait le pays. La tentative avait été contrecarrée par la justice sud-africaine qui avait jugé la décision anticonstitutionnelle.

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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