Afrique du Sud : le pouvoir reste aux mains de l’ANC


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Le Congrès national africain (ANC) a remporté, sans surprise, une nette victoire lors des élections générales de jeudi en Afrique du sud avec 66% des voix, selon les résultats officiels publiés samedi. Le parti au pouvoir depuis 1994, n’a, cependant, pas pu conserver sa majorité des deux-tiers du Parlement. L’Alliance démocratique (AD, 16,6%) et le Congrès du peuple (Cope, 7,7%) se sont respectivement positionnés comme les deux principaux partis d’opposition. Jacob Zuma, le leader de l’ANC, devrait logiquement être élu à la tête du pays par le nouveau Parlement, le 6 mai. Il aura la dure mission de redresser un pays au bord de la récession.

Une « splendide victoire ». Même si son parti, l’ANC, n’a pas remporté, jeudi, lors des élections générales sud-africaines, la majorité absolue des deux-tiers du Parlement [[Cette majorité aurait donné à l’ANC le pouvoir de modifier la Constitution du pays]], Jacob Zuma a célébré avec faste son succès. Selon les résultats publiés samedi soir, le Congrès national africain, au pouvoir depuis 15 ans, comptera au sein du nouveau Parlement, 264 députés sur 400. Ce qui représente 66% des voix exprimées, soit un score en recul de 4 points par rapport aux 70% qu’il a obtenus lors du scrutin de 2004.

« Zuma devrait faire davantage que ses prédécesseur »

Le très populaire mais controversé Jacob Zuma, 67 ans, devrait logiquement être porté à la magistrature suprême du pays, le 6 mai prochain, lors d’une session extraordinaire du nouveau Parlement. Dans sa dernière édition du dimanche, l’hebdomadaire britannique Sunday Times a indiqué que Jacob Zuma « va devoir faire davantage que ses prédécesseurs avec des ressources moindres, alors que la patience et la confiance des Sud-Africains sont au plus bas ». Avant même d’occuper son fauteuil présidentiel, M. Zuma a d’ores et déjà indiqué, samedi soir, que le futur gouvernement et lui-même allaient « travailler avec toutes les parties, notamment avec les syndicats et les employeurs, pour trouver des moyens de prévenir les pertes d’emplois et d’amortir l’impact de la crise mondiale ». Les défis qui attendent le prochain gouvernement sud-africain sont en effet nombreux et complexes : près de 43% de la population sud-africaine vit sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage tourne autour de 40%. La crise mondiale n’épargne pas la première économie d’Afrique. Le pays est au bord de la récession. Plusieurs milliers d’emplois y ont été supprimés depuis fin 2008 et cette année 300 000 autres pourraient disparaître, notamment dans les mines et l’industrie automobile, rapporte l’AFP.

Pour nombre d’observateurs, le tribun zoulou accordera, plus que son prédécesseur, une grande place aux problèmes internes de son pays, même s’il affirme qu’il poursuivra la politique étrangère de celui-ci. Les Sud-africains reprochaient à Thabo Mbéki de s’occuper plus des affaires étrangères qu’à celles de l’Afrique du Sud. D’après les analystes, Jacob Zuma déléguera la gestion de la diplomatie à son futur ministre des Affaires Etrangères.

Avancée de l’Alliance Démocratique, le principal parti d’opposition

Pour l’heure, le prochain président de la première puissance économique du continent devrait d’abord restaurer sa propre image et celle de son parti écornées par ses déboires judiciaires. Car, même si l’ANC a gagné ces élections générales, « son image morale est ternie », a indiqué à Afrik.com, Thierry Vircoulon, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Cela a pu entamer la confiance des électeurs et favoriser l’avancée du principal parti d’opposition l’Alliance pour la démocratie (AD).

L’AD, considérée comme le parti des Blancs, a conforté sa position de premier parti d’opposition. Elle a fait largement mieux que lors des précédentes élections. L’Alliance démocratique a obtenu 16,6% des voix lors des élections du 22 avril grâce au vote des métis et des Indiens. Le parti a même remporté la majorité absolue dans la province du Cap-Occidental avec 51,4 % des suffrages exprimés. Helen Zille, son leader et actuelle maire de la ville du Cap, devrait probablement être nommée Premier ministre du gouvernement régional.

Le Congrès du peuple(Cope), le jeune parti politique créé fin 2008 par des dissidents de l’ANC, n’a pas réussi en s’imposer comme principale formation d’opposition. Les proches de Thabo Mbéki, évincé du pouvoir fin 2007, ont recueilli 7,7% des voix loin derrière l’AD. La revanche qu’ils espéraient prendre sur Jacob Zuma n’a pas eu lieu. Ils devront attendre au moins cinq ans.

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