Affaire Arche de Zoé : les Espagnols libérés moyennant finance ?


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Les trois Espagnols, membres de l’équipage du Boeing 757 affrété par l’organisation française l’Arche de Zoé pour amener en France 103 enfants tchadiens enlevés ont été libérés et rapatriés dans leur pays vendredi. Selon El Pais, l’Espagne aurait monnayé cette libération. Jacques Wilmart, le pilote belge, arrêté pour avoir acheminé une partie des enfants de la frontière tchado-soudanaise à Abéché a été également relaxé. Suite à un malaise cardiaque survenu jeudi, il demeure pour l’heure à l’hôpital de la base militaire française.

La libération, vendredi, des trois employés de la compagnie charter catalane Girjet inculpés de complicité avec l’Arche de Zoé a été décidée à la suite d’une conversation téléphonique entre le président espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, et le chef du gouvernement tchadien, Idriss Déby, a annoncé un responsable espagnol à l’AFP.

Le secrétaire d’Etat espagnol Fernando Moraleda, a indiqué, selon l’AFP, que la conversation entre les deux dirigeants avait été « cordiale », « positive » et « déterminante », ajoutant que M. Zapatero « avait remercié le président tchadien pour le traitement dispensé aux Espagnols et avait exprimé « son respect pour la justice tchadienne ».

Mais pour obtenir leur libération, il semblerait que l’Espagne ait dû céder une contrepartie au Tchad. Selon le journal hispanique El Pais, le ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos a déclaré que le gouvernement espagnol avait offert aux autorités tchadiennes le financement d’un programme éducatif pour les 103 enfants enlevés par l’association française.

Les membres de l’équipage du Boeing 757 affrété par l’Arche de Zoé devaient acheminer les enfants en France, quand ils ont été arrêtés par les autorités tchadiennes, le 25 octobre. Le commandant de bord, Augustin Rey, le copilote Sergio Munoz et le stewart Daniel Gonzales ont été conduits de la prison au palais de justice de la capitale N’Djamena pour récupérer leurs affaires personnels. Ils ont ensuite rejoint le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Bernardino Leon dans l’avion qui devait les ramener à Madrid. Interrogés sur leur libération par la presse, ils ont déclaré « nous sommes très contents et surtout très soulagés ».

Le gouvernement belge entre joie et craintes

Quant au pilote belge, Jacques Wilmart, âgé de 75 ans, il a été également libéré mais séjourne à l’hôpital de la base militaire française suite à un malaise cardiaque survenu jeudi soir. Il attend d’être évacué vers la Belgique dans un avion médicalisé, selon les sources judiciaires.
Jacques Wilmart avait été arrêté le 28 octobre à N’Djamena pour avoir amené une partie des 103 enfants enlevés de la frontière tchado-soudanaise à Abéché.

Après l’annonce de la libération du pilote, Bruxelles craint maintenant que cette affaire compromettre le déploiement de l’opération militaire européenne baptisée EUFOR-Tchad/ Centreafrique. Cette mission doit assurer la protection des camps de réfugiés soudanais et des déplacés tchadiens, victimes des conflits au Darfour.

Une libération retardée

La libération des quatre Espagnols et du pilote belge s’est fait attendre. L’information a circulé dès le début de la journée. L’Espagne avait annoncé que l’avion du secrétaire d’Etat Bernandino Leon avait décollé vers 6 heures à destination de N’Djamena. Mais selon des sources recueillie par l’AFP, le Tchad a « dérouté l’avion du secrétaire d’Etat vers « un autre aéroport de la région ». « Le secrétaire d’Etat ne devait venir qu’une fois que la justice tchadienne aurait pris une décision concernant les trois Espagnols. C’est ce que nous avons convenu » avait affirmé le ministre tchadien des Affaires Ahmat Allami, à l’AFP. « Or, il n’y a pas eu de décision pour le moment. On ne l’attend pas avant », avait ajouté le ministre, garantissant que Bernard Leon avait « lui-même décidé d’atterrir ailleurs », « par respect de la souveraineté du Tchad ».

Cette libération a été facilitée par le président de l’Arche de Zoé, Eric Breteau, qui a mis hors de cause les trois Espagnols de l’équipage et le pilote lors d’une audience organisée jeudi par la justice tchadienne.

Le 4 octobre trois journalistes français et quatre hôtesses de l’air espagnoles ont été libérés. Restent désormais dans la prison de N’Djamena les six membres français de l’Arche de Zoé et quatre responsables tchadiens de l’est du Tchad.

Les avocats des six français ont demandé jeudi leur mise en liberté provisoire, ainsi qu’une requalification des faits de crime en délit, pour réduire la durée des peines encourues.

Nicolas Sarkozy a laissé entendre, mardi, qu’il souhaitait que ses concitoyens soient jugés en France. L’Etat tchadien refusera-t-il encore longtemps de céder à la volonté du gouvernement français ? Avec la relaxe des journalistes français, de l’équipage espagnol et du pilote belge, on dirait bien qu’un vent de liberté souffle sur l’affaire de l’Arche de Zoé…

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